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Artisanat : et si l’on consommait plus lentement ?

artisanat consommer autrement

Ces dernières années, un changement s’est amorcé au sein de la société française avec de plus en plus d’engouement pour le travail des petit.e.s artisan.e.s. Le nombre de ces dernier.e.s a de fait augmenté, répondant tant à un désir de donner du sens à leur travail pour ces néo-artisan.e.s, qu’à une demande croissante de la part du public de consommer différemment. Mais alors, que cela change-t-il de se tourner vers l’artisanat et pourquoi est-il temps de consommer plus lentement ?

Pourquoi changer son mode de consommation ?

Nous consommons aujourd’hui trois fois plus que ce que nous consommions il y a 60 ans (d’après une étude de l’INSEE). Cette augmentation a naturellement son lot de conséquences, auquel nous sommes de plus en plus sensibilisés. En effet, ces dernières décennies, les consommateurs se montrent de plus en plus enclins à payer plus pour obtenir des produits de meilleure qualité et plus éthiques.

Délocalisations, dégradation des conditions de travail, travail des mineurs, disparition progressive des petits producteurs qui peinent à se battre contre la grande distribution…, sont autant de problèmes sociaux créés par la consommation de masse. Auxquels s’ajoutent également les problèmes sanitaires, de pollution de l’environnement, ou encore de l’épuisement des ressources naturelles que crée également ce type de consommation.

C’est pourquoi il est urgent de changer nos modes de consommation. Dans cet article, nous voyons ensemble pourquoi se tourner vers l’artisanat est l’une des meilleures réponses à ce changement de paradigme et comment s’y prendre pour enfin « mieux consommer ».

5 raisons de consommer de l’artisanat

  1. Pour diminuer son empreinte carbone

Avec la consommation de masse, il n’est pas étonnant d’acheter des produits venus de l’autre bout du monde, sans parfois même en avoir conscience. La conception même de ces produits nécessite par ailleurs souvent de faire venir des composants des quatre coins du monde. Pensez à votre téléphone : celui-ci est fabriqué avec des matériaux venant pour la plupart de pays d’Afrique, ensuite généralement assemblé en Chine, pour être finalement exporté en France depuis les États-Unis ou la Corée du Sud, pays d’origine de la marque de votre smartphone.

Avant même que votre téléphone n’arrive entre vos mains, lui et ses composants auront parcouru des milliers de kilomètres, générant une quantité d’émission de gaz à effet de serre non négligeable. A l’inverse, acheter auprès de petits artisanats et privilégier ce que l’on appelle les « circuits courts », c’est acheter local et donc réduire son empreinte carbone, tout en sachant d’où viennent ses produits.

  1. Pour réduire son impact sur l’environnement

Outre les dégâts produits sur l’environnement par le transport des biens d’un bout à l’autre du monde (générant une lourde empreinte carbone), la consommation de masse participe de bien des manières à la pollution de notre environnement. Une pollution qui a évidemment des conséquences directes sur notre santé, puisque la logique est de produire plus sans tenir compte du bien-être du consommateur. Consommer auprès d’artisans locaux c’est donc généralement s’éloigner des produits de masse d’une qualité moindre et aux effets néfastes tant sur l’environnement que sur notre santé, en privilégiant des produits utilisant des matériaux moins polluants.

  1. Pour consommer des produits durables

De même, les produits d’artisan.e.s, à l’inverse des produits de la consommation de masse, sont pensés pour durer dans le temps et ne cèdent pas à la logique capitaliste de l’obsolescence programmée. Ces dernières décennies, les produits commercialisés par les grandes entreprises ont vu leur prix diminuer mais leur durée de vie également se réduire. Rien que pour les déchets électroniques, chaque personne produit environ 7,3 kg de déchets par an (source : The Global E-waste Monitor 2020) dont la grande majorité n’est pas recyclable. Là encore à l’inverse, consommer artisanal c’est généralement acheter des produits qui se réparent et durent dans le temps. 

  1. Pour posséder des objets uniques

Avec la consommation de masse, les goûts des acheteurs se sont au fil du temps uniformisés, avec un engouement pour les mêmes marques multinationales, se copiant par ailleurs souvent les unes les autres. Mais ces dernières années, les consommateurs ont commencé à vouloir se démarquer et retrouvent auprès du travail des artisan.e.s des pièces véritablement uniques. Il s’agit de la philosophie même de l’artisanat, puisque les pièces sont travaillées à la main et sont donc toutes différentes les unes des autres : ce que l’on achète auprès d’un.e artisan.e est donc un produit unique. 

En outre, puisque les pièces ne sont pas réalisées à la chaîne, mais au contraire faites à la demande, consommer auprès d’un.e artisan.e permet de demander une personnalisation de ses produits, voire du sur-mesure. Enfin, les produits artisanaux sont beaucoup plus soignés, et présentent de meilleures finitions et une meilleure qualité. Il n’y a pas de défaut d’usine et chaque aspect est contrôlé à la main et par l’œil de l’artisan.e. Cela produit des pièces d’une grande qualité et d’une vraie singularité.

  1. Pour tisser le lien social

Enfin, consommer artisanal c’est se souvenir qu’il y a quelqu’un derrière le produit que l’on possède. C’est connaître la personne qui l’a façonné, pouvoir parler de sa conception avec l’artisan.e, pouvoir s’adresser à lui ou à elle pour l’aspect « après-vente ». Cela est particulièrement vrai avec la vente directe du producteur au consommateur et les circuits courts. Cela permet par exemple au consommateur de discuter avec son vendeur sur le marché et d’apprendre à connaître ses techniques de travail et son mode de vie. En bref, consommer de l’artisanat c’est donc également créer du lien social, une donnée importante dans notre société actuelle. 

Comment « mieux » consommer ?

Consommer de l’artisanat permet de consommer plus lentement et plus éthique. Pour se faire, il suffit de se tourner vers les boutiques d’artisan.e.s, les petits ateliers locaux, les petites productions ou encore la vente directe. Mais il existe aussi d’autres systèmes qui permettent une consommation vertueuse. Ici, nous voyons en deux d’entre eux : le système de précommande et l’upcycling.

⚈ Favoriser le système de précommande

Le système de précommande est très simple et repose sur le fait de commander les produits avant de les acheter. Ces derniers sont donc conçus à la demande et les collections sont lancées en fonction du nombre de pièces commandées. Avec ce système, il n’est produit que ce qui est consommé ce qui élimine les surplus de productions, les stocks et les invendus. En outre, en commandant et payant le produit avant sa fabrication, le consommateur finance le projet avant sa réalisation, assurant une sécurité financière au producteur.

Le système de précommande est donc une réponse très intéressante à la consommation de masse et s’inscrit dans un modèle de pensée qui favorise le fait de réaliser des achats sans compulsion, mais au contraire en pleine conscience de ce que l’on achète et du temps que cela prend pour l’obtenir.

Cela s’apparente à la slow fashion et plusieurs marques de vêtements et d’artisanat reposent désormais sur ce système de précommande. C’est le cas notamment de Minuit Céramique, qui produit des pièces uniques de vaisselle en petites séries. Ce collectif de céramistes propose des ventes permanentes en pré-commandes et des ventes éphémères avec la valorisation de l’artisanat français au cœur de sa démarche.

⚈ L’Upcycling : quand l’artisanat donne une nouvelle vie aux produits

L’Upcycling est également une nouvelle tendance de l’artisanat qui, si l’on devait résumer, consiste à faire du neuf avec du vieux. Il s’agit donc de donner une seconde vie à un produit, mais pas simplement en le recyclant, mais en le « recyclant par le haut » (traduction de l’anglais « upcycling »), c’est-à-dire en ajoutant de la valeur au produit. 

Ainsi, avec l’upcycling, on récupère de vieux matériaux et de vieux produits pour créer des objets de grande qualité. L’artisan.e s’approprie donc l’objet ou le matériel usagé et lui donne une nouvelle utilité, souvent très loin de sa première vie, avec toujours cette notion de valeur ajoutée. L’upcycling a notamment une visée esthétique importante que le recyclage n’a par exemple pas. Avec cette technique, on voit par exemple souvent des palettes de bois être utilisées dans la décoration intérieure en tête de lit ou bien en table basse. Mais ce n’est qu’un exemple parmi des milliers, puisque les possibilités d’objets créés à partir d’anciens matériaux sont aussi multiples que les artisan.e.s eux/elles-mêmes !

De nombreux néo-artisan.e.s utilisent cette technique. Parmi eux, Maison Noya est une maison de décoration française qui se félicite de favoriser l’upcycling dans ses créations. Maison Noya produit des objets décoratifs en bois, en tissu et en céramique, toujours fabriqués à la main. Pour Justine Tellaroli, la fondatrice de Maison Noya, utiliser l’upcycling permet l’alignement de ses valeurs avec ses créations. « Au-delà de l’esthétisme et des tendances déco, revenir à une consommation plus raisonnée et plus responsable est essentiel » écrit Justine Tellaroli dans le manifeste de Maison Noya. « Il est donc important, à mon sens, d’intégrer dans son cocon des pièces qui ont elles aussi du sens, une histoire et une signification » ajoute-elle.

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À propos de l autrice

Daisy Lorenzi
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