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Ces femmes qui claquent la porte du bureau !  

Femmes qui claquent la porte du bureau

Que ce soit en Europe ou aux États-Unis, on assiste à une vague de démissions de femmes occupant des postes à responsabilités. Évidemment, elles ont souvent trimé pour en arriver là et pourtant, un beau jour, elles choisissent de partir ou de refuser une proposition d’un poste avec plus d’envergure. Ce phénomène est appelé « opting out » soit le pas de côté, en anglais. Si aux USA, les Américaines se retirent pour se consacrer pleinement à l’éducation de leurs enfants, en France, de nombreuses femmes souhaitent redessiner leur vie professionnelle en se lançant dans l’entreprenariat.

Qu’est-ce qui pousse les femmes à quitter l’entreprise ?

Depuis les années quatre-vingt dix, on assiste, enfin, à l’accession des femmes à presque tous les postes, tous les métiers et même tous les niveaux de hiérarchie. On est peut être encore loin du compte en terme d’égalité professionnelle mais aujourd’hui les femmes sont promues, qualifiées d’haut potentiel ou de talents, bref, tout ce dont leurs grand-mères ont pu rêver ! Et pourtant, elles abandonnent sans remords la « voie royale ».

Dans un monde du travail crée et pensé par les hommes, les femmes rejettent une culture, celle du présentéisme. Elles ne veulent ni ne peuvent pavaner tard le soir dans les couloirs pour être vues ou attaquer une réunion de comex à 19 heures. Même en accédant à de hautes responsabilités, on en parlait déjà ici, les femmes souhaitent conserver un équilibre vie pro / vie perso qui les satisfasse. Elles ambitionnent d’être efficaces durant la journée et de s’adonner, le soir, aux loisirs, à la vie de famille, aux amis et aux sorties. Il faut bien reconnaître aussi que les tâches domestiques sont encore majoritairement assumées par les femmes qui sont donc obligées de garder un œil sur leur montre. Le poids de la double injonction « être une mère parfaite-réussir sa vie professionnelle » fait le reste : la société ne pardonne pas qu’une femme « délaisse » le foyer au profit de sa carrière, même momentanément.

En restant tard le soir pour accroitre leur visibilité, les femmes ont l’impression de perdre leur précieux temps, cela ne correspond ni à leur attente d’harmonie vie pro / vie perso ni à leur réalité.

Cela rejoint un autre problème, celui des valeurs. Le népotisme, les grandes manœuvres pour se placer et le réseautage à outrance ne sont, dans l’ensemble, pas des pratiques appréciées par les femmes. L’avancement quand il ne repose pas sur le mérite déplait et est considéré comme injuste.

Dans le même ordre d’idée, les femmes envisagent la réussite professionnelle, tout comme le pouvoir, avec un esprit collectif et en focalisant sur les résultats obtenus. Autrement dit, jouer des coudes pour booster uniquement son plan de carrière perso, très peu pour elles. Les femmes envisagent davantage une réussite collaborative avec la mise en commun des savoirs, le partage d’expérience et l’échange d’idées. C’est avec ce type d’organisation, bienveillante et humaine, que les femmes s’épanouissent le plus et qu’elles trouvent du sens à leur travail. Malheureusement, dans la réalité de nombreuses grandes sociétés, les rôles sont encore très cantonnés et on est loin d’un modèle en holacratie. Il devient alors difficile de trouver sa place quand on n’adhère pas au pattern en place…

Enfin, à une époque où l’on cherche à se sentir aligné, bon nombre de femmes refusent de faire des compromis avec leurs valeurs. Lorsque les convictions sont bafouées, que le stress est omniprésent ou que la culture de l’entreprise ne raisonne plus, cela devient trop difficile à supporter. Le départ est alors une question de survie pour échapper au mal-être voire au burn-out. Loin d’être vécu comme un échec, c’est une opportunité de redessiner sa vie professionnelle en plaçant ses priorités au premier plan que ce soit en terme de gestion du temps ou méthodes de travail.

Des femmes qui ont franchi le pas

Virginie Valière a toujours eu envie de travailler à son compte. Après dix ans passés dans une grande banque à la cellule des réseaux sociaux, c’était devenu vital : « j’étais enfermée dans ma boîte, je trouvais qu’il y avait trop de monde, c’était déshumanisé, je n’avais aucune maîtrise sur mon temps et je ne voyais plus de sens à mon travail ».  Après une bonne remise en question, Virginie a pris le risque de partir avec pour ambition non pas de travailler moins mais de « travailler comme je veux, quand je veux et avec qui je veux ». Mission accomplie avec La Source Vive, un studio de mobilisation qu’elle a crée pour aider les organisations sur leur communication web, les accompagner sur les réseaux sociaux et fédérer leur communauté. Aujourd’hui, Virginie a retrouvé du sens à son travail grâce à son positionnement et ses méthodes bien à elle. Elle aide notamment ses clients à s’inscrire dans une démarche de développement durable, la cause climatique lui tenant particulièrement à cœur. C’est aussi en les accompagnant par un forfait et non par des prestations chronométrées qu’elle se sent alignée : « je ne suis pas une cash machine ! ». Enfin, la maîtrise de toute la chaîne lui procure un réel confort, être décisionnaire sur toute la ligne, c’est la liberté qu’elle n’avait pas à la banque. L’équilibre est parfois fragile et il y a des moments de creux mais Virginie apprécie de se dépasser, de trouver des ressources et d’être inventive.

Marine a débuté sa carrière dans un grand groupe de cosmétique sans se poser trop de questions mais avec une quête : celle d’obtenir un poste de manager plus. Pendant 10 ans, elle apprend beaucoup, gravit les échelons et essuie quelques désillusions. Elle comprend vite qu’elle ne rentre pas dans le moule et on lui reproche de ne pas assez entretenir son réseau mais elle décroche un poste de responsable de formation à l’international et s’accroche. Au bout de quelques temps, Marine ne fait plus ce qu’elle aimait mais passe son temps en réunion à disserter sur des nuances de gris. Elle a l’argent et le statut mais le sentiment de ne plus rien faire de bien avec ses équipes, pire, elle n’est plus fière d’elle. Un dimanche, tout bascule et Marine fait un AVC. Elle comprend que si son corps lâche, c’est qu’elle ne l’a pas écouté. Le jeudi, elle démissionne. Elle se rend au studio de danse de sa mère et là l’évidence s’impose : elle va monter Maman Cool, des activités pensées et adaptées pour les futures et jeunes mamans. Pendant un an, elle se forme sur la périnatalité et le coaching, trouve son équipe, et crée sa boîte à outils pour accompagner les mamans. A travers ce projet, elle cicatrise les blessures de son entrée dans la maternité et comprend qu’elle a vécu une dépression post-partum sans s’en apercevoir sur le moment.

Aujourd’hui, Marine se sent vivante et libre : elle fait ce qui lui plaît, elle a renoué avec le sens, elle continue d’apprendre et rencontre des gens formidables. Cela fait cinq ans que Maman Cool existe, l’épisode Covid a été une grosse claque mais elle sait qu’elle ne fera pas machine arrière, au lieu de ça, elle s’adapte en proposant des visios, élargit son offre, bref Marine continue et continuera d’innover.

Céline Alix a été une brillante avocate d’affaires dans un prestigieux cabinet anglo-saxon avant, elle aussi, de quitter son employeur. Si au début, elle a vécu cet abandon comme un échec, elle a ensuite compris qu’il n’en est rien, en interviewant des dizaines d’autres personnes dans sa situation pour son livre Merci mais non merci.

Il s’agit plutôt d’une ré-invention du monde de travail dont les femmes sont, cette fois-ci, les précurseuses. Un autre système, plus inclusif, qui permettrait à chacun de s’épanouir, de favoriser vraiment l’empowerment, en conservant la maîtrise de son temps.

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À propos de l autrice

stephanie redactrice
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