Face à l’urgence climatique, on assiste à un renversement grandissant de la société de consommation. On remet en cause les marques, on se méfie de la grande distribution, on plébiscite les petits créateurs et on approuve les circuits courts. En bref, on cherche à s’immerger dans une démarche de développement durable.
Ce projet, pour aboutir, a besoin d’une vision commune et d’une synergie d’efforts de la part de tous les acteurs. Aux pouvoirs publics de légiférer, aux entreprises de montrer l’exemple et aux consommateurs de réfléchir ! Aujourd’hui, on le sait, bonheur et hyper consommation ne riment pas ! Ce qui résonne désormais, c’est de trouver du sens et de se sentir responsable de ses achats sans occulter la notion de plaisir. Ça tombe bien : pléthore de talents se lancent dans l’entreprenariat avec, dans leur ADN, une démarche responsable.
Le changement doit s’imposer à tous
Vouloir changer le monde pour asseoir un mode de vie durable, c’est un beau dessein qui ne peut se construire qu’avec une détermination solide, un engagement fort, et des actions concrètes de tous les acteurs publics. On ne peut, naturellement, pas faire reposer la transition durable sur les seuls bras des citoyens. C’est un peu comme dans l’histoire du colibri : chacun doit faire sa part et c’est ensemble que nous relèverons l’immense défi.
Les pouvoirs publics ont évidemment un rôle essentiel à jouer pour inscrire le développement durable comme une priorité des décennies à venir et garantir la mise en application de ces trois piliers : l’aspect social, environnemental et économique.
Si l’on souhaite pérenniser de nouveaux comportements sur le long terme, rien de tel que de les diffuser dès l’école. C’est en tous cas l’idée prônée par un collectif de scientifiques, d’ONG et de sportifs qui ont signé une tribune visant à instaurer l’écologie comme matière principale dans les programmes scolaires dès l’élémentaire. Le but : barder de connaissances les enfants sur le monde du vivant afin qu’ils soient opérationnels pour relever les enjeux écologiques et sociétaux, et s’adapter aux bouleversements d’un monde qui change. Donner aux générations futures les moyens de prendre en main l’avenir de leur monde, rien de tel pour instaurer durablement le changement. Tout commence ici grâce à @waterfamily_ !
Si l’éducation est un levier puissant, un autre pilier très fort est le porte-monnaie. Au moment où la question du pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres, favoriser l’accès à des produits vertueux grâce à une fiscalité allégée serait appréciable. Concrètement, baisser la TVA sur les biens de consommation courante labellisés Ecolabel, AB, Cosmebio, Oeko-Tex, etc. faciliterait leur accès à une plus grande partie de la population. Les études nous le montrent, environ 8 Français sur 10 sont prêts à payer plus pour une consommation plus responsable mais dans les faits, ils se heurtent à la question de l’inflation.
Soutenir davantage les nombreuses initiatives locales serait aussi une bonne option pour toucher les gens dans leur quotidien et leur faire prendre conscience que chaque geste compte. Encourager l’agriculture urbaine, les habitats participatifs, les circuits courts, ou les semaines zéro déchet, en relayant ces informations et en y mettant les moyens, c’est valoriser les bonnes volontés.
Les entreprises, elles, auraient tout à gagner à afficher un positionnement éthique franc. Fini le green et le woke washing, place à une prise de parole claire en faveur d’une amélioration de la société même si cela comprend une part de risque (on ne peut pas plaire à tout le monde !). Ce ne sont pas les idées qui manquent pour renverser les habitudes des consommateurs et impulser une spirale plus vertueuse. Que ce soit en terme de réflexion sur l’éco-conception, d’une proposition plus large de biens bio, d’une offre de service après-vente performant allant à l’encontre de l’obsolescence programmée ou d’un vrai programme de well-being pour les salariés, du moment que le discours et les actes sont cohérents, c’est tout bon.
Fournir des efforts en termes de transparence et proposer des produits plus respectueux, c’est gagner la confiance des consommateurs.
Repenser la consommation
Ce n’est pas un scoop, nous vivons dans une société mercantile où tout nous incite à consommer et dans laquelle on nous suggère que l’achat de biens et de services va participer à notre bonheur. C’est ainsi qu’on se retrouve à se procurer un téléphone au prix d’un smic ou une énième robe noire. Sur le coup, on est content de notre achat mais ce sentiment est factice et éphémère car en réalité, on s’est dupé. Il est fort probable qu’on n’ait pas réfléchi à notre besoin profond et qu’on ait mis en place une stratégie de compensation. Cette robe noire n’a pas forcément vocation à m’habiller mais plus à me réconforter, me consoler ou me faire oublier quelque chose…
Afin d’échapper à ce mécanisme psychologique d’achat impulsif et éviter d’alimenter, entre autres, la fast fashion, on peut prendre un moment pour réfléchir à notre acte d’achat. Mnémotechnique et imparable, la méthode BISOU mérite d’être connue. Il s’agit d’utiliser les cinq lettres du mot pour se souvenir des questions à se poser avant un acte de consommation. Besoin : ai-je vraiment besoin de cet objet ? Immédiat : est-ce qu’il me le faut maintenant ? Semblable : est-ce que je n’ai pas déjà quelque chose de similaire ? Origine : comment a été fabriqué ce bien ? Utile : est-ce qu’il va réellement me servir ?
Les injonctions à consommer sont des pollutions mentales qui entraînent des désirs artificiels et tapissent nos vrais soucis mais il suffit d’un peu de recul pour en prendre conscience.
Continuer de se faire plaisir
Cela étant dit, il n’y a pas forcément besoin de renoncer à tous les achats plaisir, on peut simplement s’interroger sur le degré de satisfaction que nous apporte un nouveau bien. Est-ce qu’avoir dix tasses identiques, issues de la fabrication industrielle, que l’on pourra retrouver dans des foyers du monde entier, me rend heureux ? Est-ce qu’acquérir quatre tasses en céramique, fabriquées à la main, quelque part en France, par une artisane n’aurait pas plus de sens ? Ce serait l’occasion de s’offrir des pièces uniques, de soutenir l’artisanat et le made in France, d’acheter un objet dont on connaît l’histoire…
Aujourd’hui, les micro-entreprises et les nouvelles marques se font connaître par les réseaux sociaux qui permettent aussi de créer du lien entre producteurs et consommateurs. En interagissant avec sa communauté, en s’enquérant de son avis et de ses envies, une marque de niche peut se bâtir en co-construction avec ses followers. Les créateurs incarnent le visage de leur marque ainsi que ses valeurs, ils nous racontent leur histoire et nous proposent de nous embarquer. Cette consommation là est tellement plus humanisée qu’elle répond à la quête de sens qui nous anime tous.
L’achat plaisir se traduit différemment, on est fier de contribuer au succès d’une marque dont on adhère aux valeurs et de se différencier par des achats d’objets dont la fabrication a été pensée respectueusement vis à vis de l’homme et de l’environnement. On dérive alors vers une consommation raisonnée et éveillée, la seule qui puisse nous procurer du bien-être.
Certaines se bougent !
Si quelques grandes sociétés semblent percevoir ce changement de paradigme, il est surtout incarné par le milieu associatif et par tous les créateurs et artisans qui ont placé ces idées au cœur de leur démarche. Ces milliers de petites mains qui recyclent, réparent, innovent, limitent leur émission de CO2, placent les femmes aux commandes, fabriquent en France et rémunèrent leurs collaborateurs à leur juste valeur, nous guident et même nous rééduquent dans notre façon de consommer. La bonne nouvelle, c’est que ces petits créateurs mais surtout créatrices sont de plus en plus nombreux !
On applaudit, par exemple, Dirty Notes qui part d’une idée très simple : récupérer des chutes de papier destinées à la benne pour les transformer en ravissants carnets. Une micro-chaîne de production irréprochable, un engagement zéro déchet et des séries ultra-limitées.
Chez Copo Design, on dessine à la main des objets beaux et originaux fabriqués avec un matériau inédit composé de 40% de bois recyclé et de 60% d’amidon de maïs. La matière est aussi impeccable sur le plan écologique qu’elle est résistante aux années.
La créatrice de Bloc de l’Est mise, elle, sur la restauration de mobilier de l’Est européen époque soviétique moderniste. Au programme, des fauteuils vintage rhabillés au goût du jour avec des tissus colorés et toujours le souci de la pièce unique.
Ingénieux, design et super écolo, les meubles pliables en carton recyclé de Stooly sont fonctionnels et sacrément bien pensés. Et pour aller encore plus loin dans son engagement en faveur de la planète, la marque plante un arbre dans une forêt française à chaque commande sur le site.
Cette poignée d’exemples de femmes et d’hommes inspirants ainsi que tous les autres nous redonnent la foi et nous porte à croire que, oui, on peut reconstruire la consommation pour mieux vivre demain.