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MINISAUTS présente Audrey Pol ou Lou de Pray, artiste-artisane et designer libre, authentique, engagée

Lou de Pray

La première fois que j’ai posé les yeux sur ses lampes, j’ai tout de suite été marquée par une douce poésie singulière et féminine et à la fois un élan créatif engagé et rigoureux. L’intervention d’une narration ajoute de l’histoire à l’histoire de Lou de Pray. Chaque pièce est unique et sublime car derrière se cache une artisane designer authentique, passionnée, talentueuse et profondément libre dans son art. Dans ce monde où tout va très vite, trop vite, nous avons (plus que jamais) besoin d’artistes comme Audrey Pol qui nous présente des objets utiles, beaux et bien faits. A l’écouter parler et nous raconter son histoire, j’ai ressenti cette énergie créatrice bouillonnante, ce désir d’expression et de mise en mouvement depuis l’enfance, cette volonté de créer son propre langage artistique par la matière et en volume mais aussi sa responsabilité face aux enjeux climatiques. Car l’objet est bel et bien vivant, il a une âme et un rôle à jouer dans nos vies et, plus durablement, sur cette Terre.

Quelle belle rencontre ! Juste avant de débuter l’interview, voici quelques mots qui me sont venus en tête en clôturant l’interview et que je vous partage ici : Redonnons du sens, sentons-nous responsable et investi, créons autrement mais toujours avec cœur et instinct.
Place à l’interview. Très belle lecture !

Bonjour Audrey, je te propose de te présenter en quelques mots, de la façon dont tu le souhaites. Qui es-tu et comment tu te définis aujourd’hui ?

Je m’appelle Audrey, j’ai 37 ans, j’habite Bordeaux et je suis illustratrice et artisan d’art.
J’ai démarré par le graphisme et très vite, je suis allée vers l’illustration. Mes principaux médiums de prédilection sont l’illustration et la narration. Puis, avec le temps, j’ai eu envie de mettre cela en volume, c’est à ce moment là que je me suis dirigée vers l’artisanat d’art.

Quelle a été ta formation initiale ?

J’ai été formée au métier de Designer graphique en audiovisuel et multimédia à Paris.
Tout me désignait pour partir dans cette voie… mais il se trouve que je me suis passionnée par le print. L’objet imprimé me fascinait et l’amour de la matière a pris le dessus. C’est naturellement que j’ai fait de l’illustration, j’ai été graphiste quelques années en agence et en freelance (je le suis toujours d’ailleurs !) et petit à petit j’ai répondu à des projets plus illustratifs et personnels qui m’ont menés vers l’artisanat. Il est difficile de faire de la narration en communication, l’art est parfait pour cela.

D’où te vient cette âme d’artiste ?

Elle est présente depuis toujours. Toute petite je dessinais, je peignais notamment avec mon grand-père pendant des après-midis entières. J’observais aussi mon père qui dessinait dans son bureau à l’encre de Chine. J’ai baigné dans ce tourbillon artistique et j’adorais ça ! Au Lycée, j’étais en section Arts plastiques. Plus tard, la question s’est posée entre les Beaux-Arts et les Arts appliqués et je suis instinctivement parti vers les Arts appliqués. La suite, maintenant, vous la connaissez !

As-tu très tôt développé ton goût pour l’art ?

C’était tellement intuitif que la question ne s’est jamais réellement posée, tout est inspiration ! La richesse de la nature, ses formes et ses couleurs incroyables, je m’amusais à les reproduire par le dessin. Ma chambre était entièrement décorée, je me souviens qu’il n’y avait plus de place sur les murs. J’avais de nombreux carnets de dessin et mon sac Eastpak était brodé de sequins. Oui je dois dire que j’ai très tôt ressenti le besoin de m’exprimer et sous différentes formes d’art.

Parlons conscience écologique et défi climatique, quel est ton point de vue et ta vision de l’avenir ?

Je suis très inquiète et préoccupée par rapport à l’inertie du système et le manque de prise de conscience du public face aux enjeux. J’ai pris conscience du problème climatique il y a déjà plusieurs années, c’est notamment une des raisons qui m’a poussé à aller vers l’upcycling dans mon activité professionnelle. La réutilisation des matériaux, notamment le bois, hors de question d’abattre un arbre pour faire une lampe. Je travaille en étroite collaboration avec un menuisier en Ardèche afin de dénicher des pièces auxquelles donner une seconde vie. Je bénéficie d’un cotransportage pour acheminer les pièces vers mon atelier. Je porte une grande attention à mon bilan carbone. J’essaye de favoriser les matières françaises ou au mieux les pays frontaliers.

Peux-tu nous parler de Lou de Pray ?

C’est l’anagramme d’Audrey Pol. J’avais déjà mon activité d’illustration et de graphisme et je voulais créer un nom différent et à la fois rempli de sens. Alors Lou de Pray s’est présenté à moi et j’ai trouvé ça assez joli ! L’idée est de travailler en volume, d’aborder d’autres matériaux, de créer autrement, d’apporter une narration différente à ce que je connaissais du dessin à plat par exemple. Je m’étais déjà formée toute seule à la broderie, je faisais de la peinture à l’aiguille. C’est très intuitif et cela demande une grande patience, il fallait que je trouve une alternative donc je me suis formée à la broderie digitale. C’est très technique. Initialement, la broderie était sur des vêtements mais je ne pouvais pas m’exprimer comme je le souhaitais puis l’idée de l’abat-jour m’est venue. J’ai réalisé que je pouvais raconter une histoire sur cet objet et cela m’a convaincu de me concentrer sur le luminaire. J’aime ce que je fais aujourd’hui, je m’exprime à travers chaque pièce que je propose et je continue de me former à d’autres pratiques. J’ai toujours envie d’apprendre, de découvrir de nouvelles méthodes, et à la fois je laisse de la place et du temps à ma créativité, je laisse venir, c’est ma liberté.

As-tu une équipe de travail ?

J’aurais aimé tout faire seule évidemment, tourner le bois par exemple c’est quelque chose que j’aurais adoré ! Mon atelier évoluera peut-être avec le temps… en tous cas aujourd’hui, je travaille avec un menuisier en Ardèche et, à proximité, avec un tourneur très doué. Mon compagnon m’aide pour la fabrication des coffrets sur-mesure utilisés pour les envois. Je suis très bien entourée et je travaille avec des personnes sérieuses et de confiance, c’est une chance.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta clientèle et leurs attentes ?

La majorité de ma clientèle sont des particuliers, il arrive souvent qu’ils aient des coups de cœur sur des pièces précises. J’ai aussi des professionnels qui me contactent et ils viennent d’un peu partout. C’est assez varié. Pour l’instant, il n’y pas eu de modification sur les pièces que je propose, en revanche j’aime aussi travailler sur-mesure, c’est d’ailleurs mon métier de base de répondre à une commande donc je peux tout à fait raconter l’histoire de quelqu’un et me plonger dans son univers, j’adorerais !

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Pour la première collection, « Les instants de Poppée », c’est une époque qui m’a inspiré, la Grèce et la Rome antique, j’aime beaucoup les vieilles gravures et les visuels qui retracent ce moment de l’Histoire. Je raconte l’histoire de Poppée, une impératrice romaine, aussi deuxième épouse de l’empereur Néron. Je lui crée un destin plus agréable. Les prochaines collections pourront porter sur des sujets très variés, rien est écrit en avance, je crée et raconte à l’instinct. Je m’autorise à raconter des histoires qui ont du sens pour moi et que j’ai envie de partager.

Pourquoi avoir choisi l’entrepreneuriat ?

Ça a été une continuité dans le parcours car j’ai démarré en agence de communication en tant que salariée et il y a toujours eu l’envie de créer. Puis, elle est devenue de plus en plus forte. J’ai eu cette double activité avec le statut de freelance et, petit à petit, la soif d’indépendance, de création et de liberté ont été tellement évidentes et importantes que mon choix été fait.
L’entrepreneuriat me correspond, je suis solitaire, j’aime être autonome et libre dans mes prises de décision. Il est vrai que je traverse des phrases de création effrénées, des moments de doutes, un nouvel élan arrive puis des déconvenues surgissent et il faut les accepter et les dépasser. Ce n’est pas un long fleuve tranquille mais c’est le prix pour avoir ma liberté et cela représente beaucoup pour moi.

As-tu pris le temps de « tester » tes créations avant de te lancer ou as-tu complètement fait confiance à ton instinct et à tes différents savoir-faire ?

Oui j’ai eu une période d’un an de R&D, de conception avec de nombreux prototypes entassés dans mon atelier pour tester la broderie digitale notamment. Il y a eu beaucoup de ratés mais aussi beaucoup de réussites ! Je n’hésitais pas à montrer mes réalisations autour de moi et à me nourrir de leurs avis pour avancer dans mon projet. Je me refusais de montrer mon travail durant cette phase « test » car j’avais besoin d’arriver avec une collection à présenter.

Penses-tu avoir trouvé ton équilibre pro/perso ?

Mon compagnon est aussi entrepreneur donc dans notre couple on se comprend très bien.
C’est vrai que dans un métier créatif on ne peut pas tout contrôler, parfois l’inspiration vient le week-end ou très tard le soir et je m’adapte, je prends le temps qu’il faut à ce moment-là. J’essaye de m’imposer un cadre de travail et des horaires mais rien n’est figé, je ne m’interdis rien. En dehors du travail, je fais du théâtre, du sport, je prends du temps avec mes amis, ces moments sont importants pour me ressourcer. Je culpabilise parfois pendant ces moments « off » car pour moi je ne passe jamais assez de temps à travailler mais je m’efforce de ne pas céder car au fond je sais qu’ils sont essentiels à mon équilibre.

Quelles sont tes valeurs de vie ?

La proximité et reconnexion avec la nature, et évidemment l’authenticité.

Quelle est ta définition du bonheur ?

Pour moi, le bonheur se trouve dans les instants de vie où on se sent bien, où on ressent un sentiment de déconnexion, d’ancrage comme par exemple au bord d’une rivière. Cela peut être ailleurs mais la nature joue un rôle tellement important dans ma vie que c’est cette première image qui me vient et ça a du sens.

Quelle est ta découverte du moment que tu as envie de partager avec moi et les lecteurs/lectrices de Minisauts ? exemples : livre, film, musique, expo voyage, rencontre, etc.

On m’a fait découvrir un livre que j’adore, je le lis en ce moment, le titre est « Changer l’eau des fleurs », un roman de Valérie Perrin. Son écriture est belle, simple, subtile et douce. Ce livre fait un bien fou !

Merci à Audrey d’avoir accepté de répondre à mes questions 
Pour découvrir son travail et ses projets, c’est juste ICI ! Suivez-la aussi sur Instagram ICI

Composition illustrée signée Minisauts & Luluaucrayon

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À propos de l autrice

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