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Interviews : des femmes artistes, Éco-paysagistes, au coeur de la nature

Paysagistes - au coeur de la nature

PART II / Celles qui inventent des paysages

Étudier les sols, vérifier l’exposition, imaginer l’aménagement extérieur, dessiner les plans, suivre les travaux mais aussi être au plus près des rêves de leurs clients, ce sont les différentes missions qui rythment les journées de nos héroïnes éco-paysagistes.

Julie, Lucie et Vanessa reviennent sur leur parcours, défendent leurs convictions et nous confient leurs ravissements.

Le goût de la nature et des arts

On ne devient pas paysagiste par hasard, il y a souvent un amour de la nature et un attrait pour la créativité au cœur de nombreuses vocations… Vanessa Cottin, paysagiste conceptrice dans le Var, s’est toujours sentie attirée par le végétal et par le domaine artistique : « J’ai fait les Beaux-Arts de Toulon, j’y ai suivi une formation sur le design d’espace, il y avait beaucoup de nature. J’ai ensuite intégré l’École de Paysage. C’était un autre univers, avec un enseignement bien cadré, j’y ai appris à travailler l’espace en intégrant le végétal. Les Beaux-Arts m’ont beaucoup apporté : une liberté de réflexion et de création mais aussi des références qui m’ont permises de me construire. Aujourd’hui, l’art et la nature sont liés dans mon travail, ces dimensions vont me permettre de créer mes atmosphères, mes ambiances. »

Lucie Narbonne, conceptrice paysagiste à Stylovert, ne dit pas autre chose : « Je me suis toujours intéressée à la nature, j’aime beaucoup le dessins et la création. On m’a parlé du métier de paysagiste, ça m’a plu et j’ai fait l’École de Blois. »

Julie Dekens, architecte paysagiste en Haute-Savoie, portait peu d’intérêt à la scolarité mais savait qu’elle était faite pour être dans la nature. Elle s’est dirigée vers un lycée agricole et lors d’un stage chez un paysagiste, elle a compris qu’elle souhaitait prendre cette voie. « En travaillant avec ce paysagiste, j’ai eu un coup de cœur ! La relation humaine, la créativité, le rapport à la nature, tout m’a plu ! J’ai eu envie de dessiner des jardins ! Je me suis mise à fond dans les études, j’ai passé le bac puis un BTS Aménagement paysager et ensuite je suis entrée à la Haute École du Paysage, d’Ingénierie et d’Architecture de Genève. »

Au sein des préoccupations écologiques

Attentives aux questions relatives au développement durable, le sujet de l’eau est pour toutes une priorité. Lucie qui a travaillé pendant dix ans dans le public explique : « Dans les gros projets, cela fait un moment que cette sensibilité est prise en compte. On plante des graminées en ville car cela demande peu d’eau ; en fait, on prend soin du bien-être humain, végétal et animal. Faire attention à l’eau c’est un marqueur de la préservation des ressources. » Vanessa poursuit : « Il y a une réflexion importante sur l’eau. Il faut être efficace : on pose, par exemple, beaucoup de goutte à goutte au pied des plantes pour arroser en limitant le gaspillage. On privilégie aussi les gazons adaptés à la sécheresse comme le kikuyu, une sorte de chiendent. » Julie approuve: « Le choix des plantes dépend de plusieurs critères mais la résistance au manque d’eau est à prendre en compte. »

Le changement climatique, et les bouleversements qui en découlent, est constaté par toutes et impacte forcément la façon de travailler. Vanessa remarque: « On assiste à un dérèglement climatique, il n’y a plus de saisons, on a des variations de température importantes. Il faut analyser la zone géographique pour paramétrer les plantations. Il faut choisir des espèces adaptées au climat, ici, dans le sud-est, elles doivent résister aux fortes chaleurs et au manque d’eau. » Julie fait le même constat : « Certaines plantes qui ne poussaient pas chez nous, en Haute-Savoie, poussent maintenant très bien ! Comme le phormium, par exemple, une plante plutôt méditerranéenne qui résiste à un sol sec. »

Lucie ne s’étonne pas de ces évolutions : « On constate que certaines espèces ne poussent plus chez nous, par exemple, en Rhône Alpes, le bouleau a maintenant trop chaud. Cela dit, la migration végétale a toujours existé, un arbre remplace un autre. »

Sur ces questions, il faut parfois faire preuve de pédagogie et de diplomatie auprès des clients afin de les sensibiliser aux mystères de la nature et à l’importance de la biodiversité. Lucie développe : « On a un rôle éducatif. Beaucoup de gens veulent un jardin du sud mais, en vrai, ils veulent une ambiance de vacances ! Je leur explique qu’on peut reproduire ça avec la végétation et la pierre locale. C’est pareil avec le rôle des insectes et notamment des abeilles, le cycle de la nature n’est pas toujours connu mais une fois qu’ils ont compris, ils adhèrent. » Julie continue : « L’olivier et l’érable du Japon ont un grand succès, beaucoup de personnes souhaitent en avoir dans leur jardin mais il faut les importer. C’est pourquoi j’essaie de les orienter vers un choix plus vaste et de les sensibiliser à d’autres essences et notamment des végétaux d’ici comme l’amélanchier ou l’arbre de Judée, par exemple, qui ont de belles couleurs. »

Pour Vanessa, c’est une question de bon sens et de cohérence avec l’époque : « Les gens veulent absolument du vert sinon, pour eux, ce n’est pas un jardin luxuriant mais on leur montre qu’on peut faire des belles choses avec des galets, du gravier, des arbres. »

Toutes soulignent cependant un réveil environnemental évident et un retour vers la nature depuis quelques années. Selon Vanessa : « Il y a une prise de conscience globale au niveau de la végétation, on vit différemment, on comprend que le végétal participe au bien-être, qu’il contribue à une vie extérieure paisible et agréable. » Julie s’enthousiasme « Le jardin est devenu une vraie pièce de vie, les gens comprennent que c’est important de respirer. Je vois des gens installer des cuves pour récupérer l’eau de pluie, ils sont prêts à dépenser pour cette installation afin d’éviter le gaspillage en eau.» Lucie confirme « Avec le covid, les gens se sont intéressés au jardin, parfois des urbains migrent en campagne et sont très sensibles à la sauvegarde. Il y a toujours des gens qui se moquent de la nature mais la plupart du temps, les clients ont les mêmes valeurs que nous. De toutes façons, je n’ai plus trop envie de travailler avec des gens qui veulent Versailles… »

Des petits bonheurs

Le contact avec la nature apporte bien sûr beaucoup de plaisir tout comme la satisfaction de leurs clients. Lucie nous confie : « Ce qui me plaît, c’est le côté bien-être des gens, s’ils se sentent bien chez eux, ils reproduiront des bonnes choses ! » Vanessa poursuit : « Tout est ancré dans le sol, il y a une connexion avec la terre. Il y a une harmonie, une résonance se crée entre le jardin et la maison, et on s’y sent bien. C’est une grande joie quand les gens se sentent bien chez eux. » Pour Julie, le contact humain est très important : « J’aime découvrir les gens, comprendre leur manière de vivre, apprendre à les connaître. Il y a une vraie importance de la confiance mutuelle qu’on s’accorde. Quand ils sont contents à la fin et qu’on boit un verre ensemble, je ressens la satisfaction de leur avoir apporté quelque chose. »

Julie apprécie aussi l’univers des possibles : «  Il n’y a pas de vérité dans notre métier, on peut dessiner des plans à l’infini, voir les choses d’une façon ou d’une autre… » Lucie n’en pense pas moins : « La nature n’est pas figée, il faut rester curieux, être à l’écoute, observer pour faire de bonnes choses… »

Vanessa est, elle, sans cesse émerveillée par la nature : « Le végétal sublime l’espace et lie les éléments, il apporte la cohérence. Au fil du temps, après un ou deux ans, le jardin évolue, grandit, les plantes poussent parfois plus loin que prévu car elles cherchent la lumière. Il se passe des choses exceptionnelles, c’est une magie à chaque saison ! »


En partageant à leurs clients leurs connaissances de la nature, les éco-paysagistes leur permettent de mieux comprendre les enjeux écologiques, de participer à changer les mentalités et d’ouvrir les yeux, encore plus grands, devant la beauté du monde végétal.

Pour celles et ceux, qui auraient loupé le premier volet, le voici juste ici

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À propos de l autrice

stephanie redactrice
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