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Le crowdfunding, un levier d’émancipation pour les femmes

Crowdfunding femmes

Le crowdfunding, cette méthode qui permet de lever des fonds grâce à la participation des internautes, connaît un essor croissant. Il se trouve que pour bon nombre de femmes qui souhaitent entreprendre, c’est une option particulièrement judicieuse qui, en plus, leur réussit super bien !

Femmes et crowdfunding : état des lieux

En France, plus d’un milliard d’euros ont été récoltés en 2020 via des plateformes de financement participatif pour soutenir des projets divers et variés. Ce financement alternatif, qui se passe des banques, tombe à pic pour les entrepreneures.

En effet, les femmes qui se lancent dans l’entreprenariat sont de plus en plus nombreuses et ce chiffre progresse constamment depuis une vingtaine d’années ! 40 % des nouvelles entreprises sont créées par des femmes, la parité se rapproche et c’est une bonne nouvelle ! Ce qui l’est moins, c’est que les femmes subissent deux fois plus de rejets de prêts bancaires que les hommes. En effet, l’accès au financement est parfois plus complexe pour les entrepreneures. Apport capitalistique souvent plus faible, frilosité et parfois même méfiance des banquiers incitent les femmes à se détourner d’un circuit de financement traditionnel pour s’intéresser au crowdfunding.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le financement participatif est une bonne option pour les femmes puisque, selon une étude, les femmes obtiennent 32 % de réussite en plus que les hommes. Ces succès s’observent quel que soit le secteur d’activité, même pour les secteurs traditionnellement étiquetés masculins, et partout où l’étude a été menée, c’est-à-dire aux États-Unis, en Europe et en Asie. En France, l’écart se creuse davantage encore : 24 % des campagnes atteignent leur objectif quand elles sont portées par des femmes contre seulement 13 % de celles menées par les hommes.

Face à cet engouement, l’offre web s’est étoffée et certaines plateformes de crowdfunding sont uniquement dédiées aux femmes comme Fund Dreamer tandis que d’autres sites comme MyAnnona, par exemple, proposent un service de coaching pour construire et lancer sa campagne de financement participatif.

Les atouts de la réussite

Le crowdfunding, c’est avant tout un état d’esprit et une présentation de projet efficace. Les adeptes du financement participatif sont unanimes : pour réussir une campagne, il faut embarquer les gens. Cela passe par un storytelling soigné : on raconte son histoire et le cheminement de son idée en insistant bien sûr sur les valeurs et le sens du projet. Il s’agit de fédérer autour d’une vision et de créer un capital sympathie. Quand les hommes ont, parfois, un discours plus commercial, axé chiffres et croissance, les femmes sont, elles, tout à fait à l’aise dans ce genre d’exercice. Incarner leur projet, le rendre pédagogique et mettre de l’émotion au cœur de la narration répondent bien aux qualités de communication dont disposent souvent les femmes. Dans la même veine, les entrepreneures se montrent efficaces pour communiquer tout au long de la campagne, faire appel à leurs proches et activer leurs différentes sphères de connaissance pour rassembler des soutiens de toutes parts.

Il y a un autre facteur qui explique le succès des femmes en crowdfunding et qui peut faire  apparaître un bémol : les femmes sollicitent des sommes moins importantes que les hommes, elles les obtiennent donc plus facilement. Elles ont tendance à être plus raisonnables et à prendre moins de risques que les hommes. On les imagine mal manquer d’ambition mais on peut se demander pourquoi, toujours selon l’étude, 89 % des collectes de plus d’un million de dollars ont été portées par des hommes. Le crowdfunding laisse entrevoir, peut-être aussi, le plafond de verre que s’imposent les femmes. Elles craignent peut-être de ne pas être prises au sérieux avec des sommes colossales, d’être vues comme moins combatives ou plus fragiles. Avoir une vision précise des risques en entrepreneuriat, c’est judicieux mais s’auto-limiter ou souffrir du syndrome de l’imposteur dont on parlait ici, c’est dommage.

 Enfin, si les femmes voient plus souvent leur projet de crowdfunding aboutir, c’est aussi car certains investisseurs souhaitent « miser » sur des femmes. Que ce soit par conviction personnelle pour accélérer la féminisation des cheffes d’entreprise, participer à faire avancer la société ou que ce soit par pur opportunisme pour pouvoir revendiquer leur investissement comme un acte engagé.

Deux femmes qui se sont lancées grâce au crowdfunding

A la naissance de sa nièce, Marianne Sassi cherche une belle peluche à lui offrir, avec une fabrication clean, mais elle ne trouve pas son bonheur. Elle décide donc de lui coudre, elle-même, un joli renard en Oeko-tex. Goupil Peluche était né et Marianne bien décidée à porter son projet de fabrication de peluche 100% éco-responsable ! Elle rejoint La Patronnerie, un collectif féminin d’accompagnement pour les entrepreneures, où on lui parle de crowdfunding lors d’un webinar.  Marianne est séduite par cette alternative de financement qui ne demande ni paperasse ni garants et permet de tester son offre sans se lancer dans une production importante. Elle recueille des conseils ici et là et prend contact avec un coach KissKissBankBank qui lui explique qu’elle doit incarner sa marque et travailler sa présentation graphique. En parallèle, Marianne liste ses différents réseaux et commence à faire campagne. Les contributeurs peuvent pré-commander une peluche ou recevoir des goodies en fonction de la somme engagée. Sa présentation, très soignée, plaît, elle est mise en avant sur la homepage de la plateforme et la campagne se termine sur un succès. En effet, Marianne désirait atteindre la somme de 5500 €, et au final aura récolté 6600 € grâce à plus d’une centaine de participations. Ce montant lui permet de lancer la première production de peluches dans les conditions qu’elle souhaitait : fabrication raisonnée, en France, coton certifié et upcycling !

Léa Ruellan se soigne depuis longtemps avec le cannabis médical qu’elle a découvert au Canada et auquel elle s’est intéressée de près. Lorsque la législation a autorisé l’emploi de cette plante en France, Léa a fondé Equilibre, une marque de produits à base de CBD afin de faire connaître plus largement les bienfaits du chanvre. Au démarrage, Léa a investi toutes ses économies pour développer la marque mais il lui fallait débloquer des fonds pour lancer la production. Elle ne se sentait pas légitime pour porter son projet vers une banque, comme elle avait aussi envie de créer une communauté rapidement, l’option crowdfunding s’est imposée. Léa avait déjà eu recours au financement participatif quelques années plus tôt et avait conseillé plusieurs start-ups pour leurs campagnes, elle savait donc déjà un peu s’y prendre. Elle explique avoir passé trente jours pendue au téléphone à expliquer son projet et à faire preuve de pédagogie (« non ce n’est pas de la drogue… ») Convaincues par son idée, d’autres personnes l’ont aidée à mobiliser davantage de monde. A la moitié de la campagne, l’objectif était quasiment atteint et Léa a lancé la production ce qui lui a permis d’envoyer rapidement les produits et d’engager une dynamique autour de sa marque. En quelques mois, Léa a cessé son job d’avant pour se consacrer à Equilibre, une entreprise qui fait travailler, aujourd’hui, une dizaine de femmes et qui s’apprête à lancer une nouvelle campagne de crowdfunding l’hiver prochain !


Les femmes, en s’emparant du crowdfunding, montrent qu’elles s’affranchissent de certaines limites encore en place pour entreprendre et réussir. D’un point de vue économique, c’est plus qu’encourageant d’imaginer la croissance tirée par l’entreprenariat féminin !

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À propos de l autrice

stephanie redactrice
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