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Le papier et ses défenseuses, ses amoureuses

écologie

C’est plus qu’une évidence : le numérique a pris une place majeure dans nos vies, pour progressivement remplacer le papier dans de nombreux domaines. Factures, livres, notes… désormais tout peut se faire sur une tablette, un smartphone ou un ordinateur. Il parait même que c’est mieux pour la planète ; que le papier pollue, qu’il est responsable de la déforestation. Mais à y regarder de plus près, la vérité est nuancée et le papier est même parfois une meilleure alternative. C’est d’ailleurs ce que tentent de démontrer les dernières amoureuses du papier.

Le papier et son impact environnemental

Il est indéniable que la fabrication de papier présente, comme bien des industries, des menaces pour l’environnement. La première de ces menaces a lieu lors du processus de fabrication, qui implique notamment une pollution chimique. Le papier est en effet issu de la fibre de bois, transformée en pâte de bois par des processus mécaniques ou chimiques. Des agents de blanchiment à base de chlore sont aussi utilisés, générant des rejets toxiques dans le sol, l’air et l’eau.

En outre, la fabrication du papier nécessite de très grandes ressources en eau. L’industrie du papier est d’ailleurs l’une des premières consommatrices d’eau, consommant l’équivalent des ¾ du lac Léman en une année, d’après le site Reporterre.

Et évidemment, le papier, c’est également du bois et donc, des arbres coupés. 42% du bois coupé dans le monde sert à fabriquer du papier, soit environ 20 millions d’arbres coupés à cette fin chaque année (source : eco-notebk). 17% de ces arbres proviennent de forêts vierges, c’est-à-dire non exploitées ou défrichées par l’homme, et qui abritent donc une grande richesse biologique. La papeterie est donc impliquée, comme d’autres industries, dans le processus de déforestation.

Des solutions pour un papier plus responsable

Consciente de son impact sur l’environnement, l’industrie du papier est l’une de celles qui a fait le plus d’efforts ces dernières décennies pour réduire son coût environnemental. On sait notamment que le papier se recycle, ce qui lui permet d’être utilisé jusqu’à sept fois. La filière de tri et de recyclage du papier étant particulièrement efficace, le papier ne produit que très peu de déchets et de pollution lorsqu’il arrive en fin de vie.

Ainsi, la majorité des papiers que vous utilisez est désormais issue de matière recyclée. Des progrès considérables ont été faits pour améliorer la qualité du papier recyclé, afin de n’y voir que du feu ! A noter tout de même que le papier recyclé, n’est composé qu’à moitié de fibres cellulosiques de récupération. Cela implique donc d’introduire tout de même de nouvelles fibres vierges lors de la production des fibres recyclées.

Le numérique, une alternative écologique au papier ?

Alors le numérique est-il l’alternative idéale au papier pour réduire son impact écologique ? C’est en tout cas l’argument marketing de nombre de multinationales spécialisées dans la vente d’équipements technologiques. Une démarche « zéro papier » qui se voudrait moins polluante, mais est-ce bien le cas ?

La réponse n’est pas si simple car l’industrie numérique génère également de la pollution et l’utilisation de ces supports n’est pas sans conséquences sur l’environnement. La consultation de documents sur smartphone, ordinateur, tablette, représente une consommation d’énergie non négligeable. Mais aussi le téléchargement, l’envoi, et le stockage de ces documents : si tous ces gestes peuvent paraître anodins, ils produisent pourtant aussi une pollution via l’utilisation de serveurs et de fermes informatiques gourmandes en énergie.

En outre, la production même de ces équipements technologiques est source de pollution. L’extraction des minerais rares nécessaire à la fabrication de nos smartphones a de lourdes conséquences écologiques (en particulier par la pollution de l’eau qu’elle entraîne) et sociales. Ainsi, la production d’un livre générerait entre 1,3 et 7,5 kg en équivalent carbone, contre 135 à 168 kg pour la fabrication d’une liseuse (d’après les études de l’institut Carbonne 4 et l’institut Cleantech).

De plus, en fin de vie, le recyclage de ces produits est peu efficace et complexe. En France, en 2019, on estimait que seule la moitié des équipements électroniques et électriques était collectée pour être ensuite recyclée (étude de l’Ademe).

Papier vs numérique : comment faire le bon choix

Ainsi, pour déterminer quelle alternative, entre le papier et le numérique, est la moins polluante, il est nécessaire de se baser sur l’usage qui est fait de ces produits. Pour une personne qui lirait plusieurs livres par semaine, le support numérique est une meilleure alternative au livre papier. En revanche, le livre papier, s’il passe entre de nombreuses mains et ne finit pas sur les étagères d’une bibliothèque, a une plus longue durée de vie et un moindre impact écologique.

En effet, il ne faut pas oublier qu’une tablette ou une liseuse a une durée de vie moyenne de 5 à 6 ans seulement. Quand les livres papiers peuvent traverser des décennies sans perdre de leur qualité. C’est pourquoi, l’échange de livre papier reste à ce jour l’une des méthodes écologiques les plus durables.

A noter également que la consultation de documents sur support numérique a un intérêt si elle ne dépasse pas un certain temps. Ainsi, choisir de recevoir ses factures téléphoniques par email est une bonne chose, si vous les consultez à peine. Ayez tout de même conscience que le stockage de mail en lui-même pollue.

En revanche, si vous avez besoin d’imprimer le document, il est préférable d’opter pour un envoi papier, puisque les méthodes d’impression de masse sont plus efficaces que les équipements individuels. De même, si la consultation d’un document électronique dépasse les 30 minutes, alors sa version papier est plus écologique. En entreprise, il sera donc parfois préférable d’imprimer rapports et autres documents de travail et de les faire passer de mains en mains, plutôt que de les envoyer par email à tous les salariés.

Les défenseuses et amoureuses du papier

Ainsi, il serait faux de présenter le numérique comme la meilleure alternative à l’utilisation du papier. Ce dernier, puisqu’il se recycle mieux, a encore de beaux jours devant lui. Et il semblerait que quels que soient les progrès technologiques accomplis, notre attachement au papier à quelque chose de sentimental. C’est pourquoi plusieurs entrepreneur.e.s s’emploient à le valoriser et en permettre une utilisation responsable et écologique.

C’est le cas par exemple de Camille Poulain, et son Atelier Lichen. Cette agence éditoriale aide les PME, les associations, et les petits éditeurs de livre et de presse à faire une utilisation éthique et durable du papier. L’atelier Lichen conseille dans la production de produits imprimés pour que ces derniers soient durables, et issus de matières premières renouvelables et locales.

Camille Poulain et son équipe aident à adopter la meilleure démarche écologique, sans tomber dans le panneau du greenwashing. « Parce que lire à longueur de temps qu’on est responsables, parce qu’on a utilisé du papier issu de forêts certifiées (encore heureux !) et des encres végétales qui n’existent pas ça me fatigue (et ça m’énerve aussi) », explique Camille Poulain, sans fltre, sur Linkedin.

Dans une démarche similaire, Dirty Notes est une marque indépendante qui produit des carnets et des bloc-notes en récupérant le papier issu des déchets des imprimeries d’Ile-de-France. Dirty Notes n’est pas dans une démarche de recyclage, mais d’upcycling (et à ce sujet … je vous invite à lire notre précédent article juste ici). C’est-à-dire que la marque s’emploie à donner une plus-value au produit recyclé, avec notamment une production artisanale, locale, et dans une démarche zéro-déchets.

Mais le papier, c’est aussi un élément artistique. Anne Charlotte Saliba est l’une de ces amoureuses du papier qui en fait des objets de décoration uniques. Cette designer et sculptrice de papier crée ses pièces dans une démarche d’éco-conception et dans le respect de l’environnement. Son travail a été récompensé en 2020 par le Prix de la jeune création métiers d’art.

Dans le même esprit, citons enfin le travail de Laur Meyrieux, artiste aux mille facettes (designer, architecte, scénographe et directrice artistique). Laur Meyrieux a un parcours extrêmement riche, notamment salué par de nombreuses récompenses internationales. En 2021, elle a créé « Les papiers de Laur », une collection de papier peint haut de gamme, entièrement peints à la main et fabriqués de façon écologique.


Ne vous fiez donc pas uniquement au marketing des entreprises du digital. Le papier a encore de beaux jours devant lui et reste, dans de nombreux cas, la meilleure alternative écologique. Grâce au travail de nombreux créateurs et d’entrepreneur.e.s passionné.e.s, le papier, et sa réutilisation, continue chaque jour d’être un peu mieux valorisé, afin de créer des objets à la fois beaux et éthiques.

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À propos de l autrice

Daisy Lorenzi
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