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Le travail du bois à travers le temps

article femmes qui travaillent le bois

PART I / Celles qui travaillent le bois

L’odeur du bois et son toucher laissent rarement indifférent, premier matériau utilisé par les hommes, le bois continue de fasciner ceux et celles qui passent leurs journées à le façonner. Comme toute activité humaine, le travail du bois a évolué mais son authenticité est restée intacte. Perpétuer la tradition des beaux gestes, utiliser des outils perfectionnés et sentir les copeaux sous ses doigts, c’est le quotidien des artisan.e.s du bois, et le rêve en devenir de centaines d’autres.

Une filière ancestrale qui a su se moderniser

Depuis le début de l’histoire de l’humanité, les forêts ont fourni une ressource précieuse et abondante : le bois. C’est le bois qui a permis aux hommes préhistoriques de se réchauffer, de s’abriter et de fabriquer les premiers outils pour la chasse et la pêche. C’est lui aussi qui a permis, dès l’Antiquité, de construire des habitations et des édifices plus élaborés ainsi que les premiers meubles.

Au Moyen-Age, les travailleurs du bois étaient de plus en plus nombreux et tous regroupés sous un même corps de métier : tonneliers, charpentiers, menuisiers, huissiers… En 1268, le livre des métiers, rédigé par Étienne Boileau, distingue les professions : on appelle désormais huchiers-menuisiers ceux qui se dédient à la fabrication de tables, de bancs et de tout ce qui concerne l’aménagement intérieur.  Ils travaillent exclusivement le chêne et le noyer mais, grâce au développement des transports maritimes, des bois exotiques font leur apparition et notamment l’ébène. Ceux qui s’y consacrent deviendront les ébénistes et seront considérés comme de véritables artistes : ils sculptent le bois et s’occupent des travaux de marqueterie pour concevoir des meubles uniques.

Dans la seconde partie du XIXème siècle, l’arrivée des machines et la révolution industrielle vont changer la donne et la fabrication en série va prendre le dessus.

Au fil des années et des progrès techniques, les évolutions se poursuivent.

Aujourd’hui, la technologie numérique permet de concevoir des meubles sur-mesure avec une précision au dixième mais les travailleurs du bois continuent d’utiliser des techniques artisanales au quotidien.

Dans les ateliers, la tradition et la technologie se mêlent parfaitement. Chez la nouvelle génération, le dessin sur papier a été supplanté par le dessin assisté par ordinateur, notamment grâce à des logiciels 3D comme SketchUp qui font gagner un temps fou. Le centre d’usinage à commande numérique et la scie à panneau côtoient les ciseaux à bois et le rabot. La machine optimise certaines phases du travail comme le façonnage, par exemple, mais les gestes d’antan et la main de l’artisan restent indispensables pour de nombreuses techniques.  

C’est particulièrement vrai en ébénisterie qui est un métier d’art, c’est à dire qu’en plus de l’exigence d’un geste et de techniques pour travailler la matière, il y a aussi la notion d’apport artistique. En effet, l’ébéniste, de par sa solide culture en histoire de l’art et notamment des styles et du mobilier, ne se contente pas d’une dimension fonctionnelle mais est aussi capable d’apporter une dimension esthétique.

La modernisation passe aussi, bien sûr, par la digitalisation et notamment la maitrise des réseaux sociaux. Là encore, les néo artisans du bois ont plus d’un tour dans leur boîte à outils : ils allient le savoir-faire et le faire-savoir. La nouvelle génération sait qu’il faut être présent sur internet et y promouvoir son travail pour gagner en visibilité et ainsi toucher un public plus large. Réaliser des tutoriels ou des réels, montrer l’avancement d’un projet, les coulisses de l’atelier, proposer ses créations sur un e-shop, ou mettre à jour sa fiche Google My Business font aussi partie du travail.

Des carrières dans l’ère du temps

Comme de nombreuses professions manuelles, l’ébénisterie et la menuiserie connaissent, depuis quelques années, un intérêt croissant. Dans un monde du travail miné par la perte de sens, le burn-out et le mal-être, les métiers manuels refont surface. Finies les journées passées en réunion, l’overdose de powerpoints et les déjeuners insipides à la cantine de l’entreprise, on veut savoir pourquoi on se lève le matin. La recherche de concret, de sens, de passion et de valeurs replace l’humain au cœur des débats : il y a des savoir-faire qui n’appartiennent qu’aux mains des femmes et des hommes et qu’aucune machine ne peut égaler. C’est particulièrement vrai pour le travail du bois, une matière noble, brute et vivante qui n’est sublimée que par l’artisan.e. Le travail du bois attire de nombreuses reconversions avec des profils variés mais la majorité des personnes qui se retrouvent au milieu de la sciure ont fui des métiers de bureaux. D’ailleurs, selon, l’Union National de l’Artisanat des Métiers de l’Ameublement, aujourd’hui 17% des ébénistes possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur alors qu’ils n’étaient que 8% au début des années 2000.

Si de la sylviculture, à la scierie en passant par les ateliers, la filière bois est encore occupée principalement par les hommes, ici comme ailleurs, les femmes se fraient une place. En ébénisterie, les chiffres sont timides mais montrent la progression de la féminisation de ce métier. En effet, toujours selon l’UNAMA, les femmes représentaient 14% des effectifs en 2015, elles sont désormais 19% en 2022.

L’arrivée de la robotique qui permet de soulever des charges lourdes balaye d’un revers de main les empêchements physiques. Cela étant, les vrais freins sont plus d’ordre psychologiques. Les femmes buttent, encore trop souvent, contre des stéréotypes au sujet de leurs défauts présumés : manque de résistance et de force, absence de technicité, nécessité de s’absenter pour s’occuper des enfants, etc. Ces préjugés entraînent des discriminations et l’invisibilité des femmes dans les annonces de recrutement : on recherche toujours un homme dans « ces métiers-là ». Une fois en place, il faut, parfois, faire face à des attitudes paternalistes ou des remarques sexistes et presque tout le temps prouver sa légitimité pour être enfin prise au sérieux.

Quel que soit le genre, travailler la matière aujourd’hui, c’est aussi, souvent, s’inscrire dans une démarche éco-responsable bien de notre temps.

A la manière de la fast fashion, les enseignes d’ameublement ont déversé, pendant des années, des tonnes de produits bon marché fabriqués avec des dérivés de bois et dont la qualité s’est révélée médiocre, poussant le consommateur à renouveler ses meubles régulièrement. C’est une prise de conscience qui s’opère de nos jours et les labels et certifications sur la qualité et l’origine du bois sont de plus en plus recherchés.

On préfère une production en petite quantité, à la commande, en sélectionnant des matériaux qualitatifs et propres, en veillant à leur origine pour satisfaire le client et lui offrir un objet vraiment durable qu’il pourra éventuellement transmettre à la génération suivante. Renoncer à la surconsommation, faire primer la qualité et le relationnel, cela répond aux aspirations actuelles. On se réjouit de posséder un meuble unique, qu’on aura, certes, payé plus cher que dans une grande chaîne, mais qui renfermera une histoire, une âme, et qui va se patiner et même s’embellir au fil des années.

Le bois possède aussi cet avantage indéniable d’être un matériau naturel et renouvelable : on ne pollue pas pour le produire et grâce à la gestion durable des forêts, on sait que la forêt se régénère par plantation.

Les humains n’ont jamais cessé de travailler et d’apprécier le bois dans toute sa splendeur. Aujourd’hui, alors qu’on est capable de créer des matériaux composites performants, le bois reste une valeur sûre et continue d’attirer de nombreuses vocations.

… dans le second volet de cette série, nous rencontrerons des femmes qui ont dépassé les idées reçues pour se lancer dans le travail du bois et s’y épanouir !

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À propos de l autrice

stephanie redactrice
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