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MINISAUTS présente Anne, architecte libre, passionnée et engagée … à sa place

Anne Chaperon - architecte

Un échange libre, sincère et intimiste avec Anne Chaperon, architecte dans l’âme ! Une femme consciente, curieuse, rêveuse, généreuse, créatrice, responsable, entrepreneure… la liste est longue mais juste et encore incomplète. Sa quête de sens à travers chacune de ses actions et son besoin d’accomplissement professionnel sont essentiels dans sa vie. Prendre le temps d’analyser et d’imaginer un monde meilleur puis passer à l’action et se sentir en accord avec soi-même dans ses propositions et ses actes, je crois que c’est vraiment ce que j’ai ressenti à travers ses mots, son ton et ses respirations.

Sa vision et ses choix font passer des messages, certains universels, certains féministes ; en somme, ces propos sont riches de l’essentiel, elle débat avec douceur et vérité, elle rappelle qu’il est important de réagir, à notre échelle, aux signaux que nous lance la nature, les humains et la terre entière. Anne accepte cette responsabilité envers l’environnement et l’humain, et elle y apporte sa réponse à travers l’architecture ; son architecture, celle qu’elle imagine et qu’elle construit.

Chaque projet est sa façon à elle de prendre soin de l’existant et d’apporter du mieux-être et du beau dans le paysage, mais d’une manière écologique et responsable, sans impact. Toujours dans le respect du vivant, et dans l’optique de transmettre.
Place à l’interview ! Très belle lecture.

Bonjour Anne, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Anne Chaperon, j’ai 41 ans, je suis architecte depuis presque 20 ans.
J’ai toujours aimé dessiner, imaginer et rêver. C’est tout naturellement qu’à 17 ans, je me suis intéressée à l’architecture qui me permettait de combiner tout ce que j’aimais ; mais aussi car c’est un domaine qui touche à quelque chose d’essentiel, la conception d’un toit. J’avais un besoin de sens, d’utilité et de me sentir à ma place.

J’ai un parcours assez singulier, j’ai passé 8 ans et demi en Afrique de l’ouest pour faire de l’aide au développement, avant de revenir en France pour créer mon agence. Cette aventure était un rêve d’enfant,  cela me tenait à cœur et vibrait à l’intérieur de moi. J’ai pu le réaliser à 21 ans. J’étais déjà architecte, j’avais déjà un certain regard et une certaine opinion sur l’environnement.

À l’étranger, j’ai toujours fait des choix très libres en fonction des découvertes qui me stimulaient, des engagements qui m’importaient, de ce que je souhaitais mettre à disposition des autres. Je suis rentrée en France avec cette liberté totale de créer, d’agir et de penser ! Je savais que j’allais me mettre à mon compte, le choix d’entreprendre était une évidence, donc pendant 3 ans j’ai repris le chemin des études pour créer ma structure à Paris.

Quelle est la raison d’être de cette aventure entrepreneuriale ?

Je n’imagine pas qu’elle ne puisse pas exister en réalité, elle est essentielle pour moi ! J’essaye d’y mettre ce que j’ai appris, ce que j’ai pu voir ici et ailleurs, ce que j’ai pu comprendre de ce monde, ce dont je rêve pour l’avenir.

J’ai clairement besoin de donner du sens à travers mon activité professionnelle, un sens tourné vers les autres. Mon premier engagement s’est incarné à travers l’aide au développement en Afrique. Depuis mon retour, je suis très attentive aux enjeux environnementaux, j’ai la conviction que l’architecture est l’un des domaines où l’on peut réussir à faire bouger les lignes.

Quelle est ta posture d’agence et quels sont tes engagements ?

Je ne veux pas construire de bâtiments neufs, cela ne m’intéresse pas. J’estime que l’on a trop souvent détruit un patrimoine qui était en bon état, encore utilisable… La question de conserver plutôt que de raser n’est pas encore suffisamment posée, sans doute parce que la transformation demande plus d’inventions, d’expériences, plus de spécialisations et de compétences que l’on doit encore développer. Ce n’est pas une page blanche, mais il reste encore beaucoup à faire.

La direction de mon agence est véritablement basée sur la considération et le soin apporté à l’existant pour pouvoir le transmettre, c’est le message que j’essaye de faire passer à travers mes réalisations comme mes communications. Y compris lorsque je fais de l’aménagement intérieur, cet aspect de mon travail me plaît beaucoup, c’est ce qui permet à l’existant d’évoluer dans l’air du temps et d’avoir une seconde vie, un nouveau souffle.

As-tu une routine de travail ?

Le travail d’architecte se décompose en plusieurs étapes clarifiées et écrites par l’ordre des architectes. Il y a donc un process concret et établi et ce cadre permet d’avancer pas à pas dans la définition du projet.. Sorti de ce cadre, j’aborde chaque projet de façon singulière, mon attention et mon regard vont se porter sur des éléments propres à chaque contexte. Les outils de conception vont varier, parfois j’ai besoin de faire des maquettes parfois des 3D, parfois je vais dessiner à la main.

C’est un métier créatif mais surtout humain. Après le premier coup de fil d’un client, je demande toujours très rapidement une rencontre car c’est important de se sentir bien l’un face à l’autre. L’intuition est importante. Dès la première visite, je visualise l’espace, je formule déjà des propositions au client, je commence à imaginer avec lui et la discussion démarre, cela fait partie de la découverte. Je parle très vite d’argent car il est important de vérifier la compatibilité du projet avec un budget, être sûre de sa  faisabilité et éviter toute frustration.

Quel est ton espace de travail au quotidien ?

J’aime beaucoup l’espace du chantier qui est un espace de création au sens propre du terme. J’ai toujours aimé les démolitions, les dessous d’un projet, la rencontre et l’échange avec les équipes de travail ; la dimension humaine me tient à cœur.

En dehors du chantier, l’idéal est un bureau calme et apaisant pour créer. J’aime beaucoup les très grandes tables totalement vides, avoir beaucoup d’espace pour m’étaler et installer mon univers de travail.

Pour l’instant, je n’ai pas de bureau à moi, en ce moment je suis entre deux espaces de coworking. Je choisis des espaces communs, de partage et de convivialité, avec des confrères qui travaillent dans l’architecture ou qui gravitent autour de ce monde-là.

Depuis le confinement, j’ai mis en place quelques journées de télétravail et j’y trouve un équilibre, certaines de mes collaboratrices travaillent aussi de cette façon et cela permet une aisance et une liberté professionnelle plutôt bénéfique.

Quelles sont les valeurs qui te guident dans la vie ?

L’ouverture aux autres est essentielle, elle m’alimente beaucoup. Je suis très à l’écoute de mes clients, j’ai besoin que le projet soit vécu comme une aventure partagée tout en restant aux manettes de la création bien sûr. Je pense qu’il faut savoir s’adapter et sortir de sa zone de confort en confiance et avec sincérité. Je pense aussi à la curiosité qui est liée. J’en cite deux derniers, la transparence et l’honnêteté, fondamentales dans la vie, dans ma vie !

Penses-tu avoir trouvé un équilibre de vie pro/perso ?

Oui et je pense l’avoir construit avec mon compagnon car tous les hommes ne sont pas faits pour vivre avec une femme qui travaille à son compte. Cela demande une certaine disposition d’esprit et une acceptation de l’accomplissement de l’autre à travers son activité professionnelle et son choix d’indépendance.

Très honnêtement, les 2-3 premières années étaient très intenses, je plongeais par passion, l’énergie était folle, je débordais beaucoup le soir, je n’arrivais pas à m’arrêter. Il me semble que dès qu’il y a une dimension créative dans le travail, la temporalité est difficile à maîtriser. Il y a des jours où on a l’impression d’avoir procrastiné alors que c’était peut-être le temps nécessaire pour la mise en place et le travail de préparation. Et cette idée de génie qui arrive à 17h30 et qu’on ne veut plus lâcher, cela arrive dans toutes les vies de créatrice ! Je m’accorde une rallonge de temps un à deux soirs par semaine, mais j’ai besoin d’avoir une vie personnelle et d’y consacrer du temps, donc aujourd’hui je me fixe davantage d’horaires.

Et j’adore danser, j’adore dessiner, tout cela me nourrit, c’est une combinaison à ne pas sacrifier et à ne pas négliger.

Quelle est ta découverte du moment, celle que tu as envie de partager avec les lectrices et les lecteurs de Minisauts ?

Il y a ce documentaire « Ici Najac, à vous la terre » qui a été réalisé par Jean-Henri Meunier en 2006 et qui est à la sélection à Cannes cette année. Ce réalisateur est un néo-rural, son film est très militant et très engagé mais c’est surtout un film sur l’homme, sur la terre, sur ce qui est essentiel dans nos vies et que l’on est en train de massacrer. C’est aussi un film sur la douceur du temps, grâce à des portraits capturés, de personnes passionnées par leur métier et qui vivent dans un espace très paisible où le temps est comme suspendu.

Laisser faire le temps, lui faire confiance et ne pas se précipiter… La liberté de se projeter dans le temps long est quelque chose dont on a terriblement besoin !

Merci à Anne d’avoir accepté de répondre à mes questions 
Pour découvrir son travail et ses créations, c’est juste ICI

Composition illustrée signée Minisauts & Luluaucrayon

Pour découvrir notre dernier portrait qui présente Laura créatrice verrière, amoureuse de la nature ; cliquez ici

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