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MINISAUTS présente Hélène Aguilar, la voix du beau et du bon, défenseuse de la vie et des designers « faiseurs » merveilleusement engagés

Hélène Aguilar, la voix du beau et du bon

J’ai eu la chance d’interviewer celle que j’écoute très souvent et dont les épisodes me passionnent, tellement les histoires sont inspirantes, concrètes et encourageantes pour notre avenir. Hélène, la voix du beau et du bon, est une femme solaire, optimiste et curieuse du monde qui nous entoure.

C’est au bout de mon téléphone que je l’ai [une fois de plus] écouté, mes questions étaient prêtes, les rôles étaient [pour une fois] inversés. Elle cultive de belles valeurs de vie qu’elle tient de ses parents mais qui résonne au plus profond d’elle-même, elle est pleine de bon sens, elle a cette joie de vivre communicative et elle n’a pas peur de se poser des questions sur les grands enjeux de demain. Les réponses elle ne les a pas toujours donc elle a décidé d’aller au contact de ceux et celles qui cherchent de nouvelles alternatives dans divers domaines à commencer par le design et la gastronomie, deux filières qu’elle aime personnellement. Grâce à ce métier si singulier qu’elle exerce avec une totale liberté, elle continue ce cheminement intérieur qu’elle avait commencé il y a quelques années, elle cherche des réponses à ses questions et n’a pas peur d’affronter les sujets les plus inquiétants car il s’agit tout de même de l’état de santé de notre belle planète, qui est, soit dit en passant, notre première maison.

Le vivant l’anime et le beau l’émerveille, nous sommes ici avec une amoureuse de la vie, une vraie. Ses mots ont vibré et résonné en moi, j’espère qu’il en sera de même pour vous. Place à l’interview. Très belle lecture !

Bonjour Hélène, je te propose de te présenter en quelques mots de la façon dont tu le souhaites. Qui es-tu et comment tu te définis aujourd’hui ?

Je suis fascinée par la vie tout simplement ! Depuis que je suis toute petite, je suis émerveillée par beaucoup de choses, je ressens un élan incroyable pour la beauté du monde et cela a toujours été en moi. J’ai toujours su au fond de moi qu’il fallait vraiment chérir cet amour de la vie car nous avons beaucoup de chance d’être arrivés ici sur cette terre et d’y avoir été accueilli d’une si jolie manière, avec tout à notre disposition pour être heureux. La beauté de la vie est partout et j’ai envie de me nourrir de ce beau qui est tout autour de moi avec de la curiosité, de l’attention et du temps. Le beau est essentiel pour moi, il me fait du bien, il me réconforte, il me vitalise et m’élève. Pour moi, il s’est notamment incarné dans les espaces et les objets. Être au contact du beau, m’émerveiller et le reconnaître c’est fondamental.

As-tu eu très tôt conscience du beau et de ce que tu aimais ?

J’ai toujours été comme ça et surtout grâce à mes parents car ils m’ont toujours emmené chez des antiquaires par exemple. On avait pas du tout le même intérieur que les parents de mes ami.e.s. Chaque intérieur représentait un espace singulier et personnel qu’il fallait aimer, chérir et questionner régulièrement car les choses évoluent et nous avec. L’idée que j’aime et qui m’émeut est de réussir à composer avec des objets différents par leur provenance, leur culture, leur histoire et que cet ensemble se marie harmonieusement et forme des scènes dans nos espaces de vie. J’ai des souvenirs de lieux inédits qui ont provoqué en moi des chocs esthétiques très forts. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient sûrs de leurs goûts et n’ont jamais suivi de mode mais, pour autant, ils s’inspiraient beaucoup, on avait toujours des magazines de déco à la maison. Ils achetaient du mobilier qui avait déjà eu une première vie, ils avaient ce souci de faire avec l’existant et non pas d’acheter du neuf complètement dénué de vie et d’âme. Pour eux, c’était normal de faire ainsi, il n’a jamais été question de faire autrement.

Comment est née cette conscience écologique en toi ?

Il y a quatre ans, je n’avais pas vraiment conscience des enjeux. Je pense que mon éducation, mes envies et ambitions m’y ont inéluctablement emmené. C’est vraiment cette notion du beau qui résonne très fort en moi qui a été le point de départ car ce que l’on trouve beau ne part pas à la poubelle. On le garde, on le préserve et on le fait durer dans le temps, on se mobilise pour le beau. Ce que je comprends mieux aujourd’hui c’est que lorsqu’on lit les chiffres sur l’état du monde et les projections de vie en terme d’impact matériaux, si on continue de vivre tel qu’on vit aujourd’hui partout dans le monde, c’est 34 kilos de matière par jour et par personne que l’on prend à la terre. Les projections à l’horizon 2050 annoncent plus de 50 kilos ! C’est insoutenable. Cela me questionne sur la façon dont on va pouvoir agir tous ensemble, par exemple quels sont les matériaux que l’on peut continuer d’utiliser et comment minimiser notre impact écologique avec ce dont on dispose aujourd’hui. C’est un éveil que l’on fait ensemble, c’est beau et à la fois c’est un challenge que l’on va devoir relever telle une mission de vie.

Quel a été le moment déterminant pour toi dans ton envol vers la création et l’entrepreneuriat ?

J’allais avoir 30 ans et je n’avais pas de perspectives nourrissantes et utiles durablement. Je me suis questionnée, j’ai fait un point et j’ai eu envie de m’écouter en profondeur, en laissant de côté les projections que les autres ont pu faire sur moi. Pour la première fois, je me suis posée cette fichue question « qu’est-ce que tu as envie de faire dans ta vie ? ». La réponse n’est pas simple mais j’ai eu la chance d’avoir eu une sincère sensibilité qui ne m’a jamais quitté mais que j’avais mise de côté et c’est à ce moment-là qu’elle a ressurgi. C’est comme ça que j’ai compris qu’il fallait qu’elle soit mise au centre de ma vie. Je me suis autorisée ce challenge personnel, ma situation de vie me le permettait, pas de grosse prise de risque en vue, je n’avais rien à perdre. Souvent les projections de nos peurs sont plus fortes que traverser la peur elle-même et ce changement de vie m’a confirmé cela. Je crois que la clé c’est de ne pas se poser mille questions, si c’est une envie qui vient du cœur il faut l’accueillir, l’écouter et essayer de l’exploiter. Lorsque je me suis mise au contact des possibles rien ne pouvait m’arrêter et Où est le beau ? est né.

Pourquoi le format podcast, qu’est-ce que la voix représente pour toi ?

Au départ, je ne savais pas sous quelle forme mon nouveau projet allait prendre vie. J’ai toujours adoré la voix et en 2017/2018 j’écoutais déjà régulièrement des podcasts le matin pour aller travailler. Je pense qu’inconsciemment cela m’a aidé à quitter mon ancienne vie professionnelle car ces pionniers du podcast, notamment « nouvelle école », me permettaient d’être au contact de fabuleux témoignages : des gens passionnés par leur boulot. Je crois que ça m’a permis de comprendre véritablement que les partages de discussions avaient potentiellement une énorme puissance, un très fort pouvoir inspirationnel.

Je me suis posée personnellement la question : Où est le beau ? et je savais que les réponses que j’allais avoir dans cette enquête seraient importantes pour nous tous, curieux du beau, et que le médium du podcast allait être le plus adapté.

Finalement, je peux l’avouer aujourd’hui : j’ai d’abord fait ce podcast pour moi car à l’époque il n’y en avait pas. Je me suis dit ensuite que si cela me plaisait, cela plairait à d’autres personnes. Et aujourd’hui, je suis heureuse de voir que cela plaît à beaucoup de monde. 

Comment choisis-tu tes invité.e.s ?

J’invite toutes les personnes qui m’inspirent à travers leur démarche de travail, leur créativité, leur détermination et leur vision du « faire différemment », je ne m’interdis rien. J’essaye d’aller chercher de nouvelles façons de faire, de nouvelles techniques et de nouveaux savoirs pour exploiter d’autres pistes que celles que l’on connaît déjà. Bien souvent, ce sont des personnes inconnues ou peu connues qui, parfois sans le savoir, vont nous aider à sortir de cette bataille collective et planétaire. Mon attention se porte notamment sur la pétrochimie donc je recherche très souvent des personnes qui ont les clés pour nous en sortir car elle est partout ! Beaucoup de personnes que je rencontre réalisent un vrai travail de chercheur en multipliant les expérimentations, en traversant les échecs par détermination. Le fruit des efforts fournis est très souvent épatant et ingénieux. J’ai cette liberté de choisir de donner la parole à mes coups de cœur et je tiens à chaque fois à les remercier car ils font un travail incroyable et parfois ils n’en n’ont pas réellement conscience.

Quel a été le besoin à assouvir travers ce métier si singulier ?

Je dirais que j’ai ressenti un besoin profond de me reconnecter à la nature, c’est d’ailleurs pour cela que je suis partie six mois vivre en Espagne, dans un petit village, juste à côté d’une réserve naturelle. J’ai eu besoin de couper – de l’intensité de Paris et d’apprendre à reconnaître davantage le vivant. Aujourd’hui vivre en ville en permanence m’est difficile et j’ai la chance de pouvoir organiser pour temps pour n’être à Paris que lorsque cela est vraiment nécessaire. 

Dis nous quelques mots sur Où est le bon ?

Avec Où est le bon ? Mon point de départ était l’enjeu des sols et notamment la culture sur sols vivants. Je n’avais pas conscience de tout le soin qu’il faut apporter et de toutes les connaissances qu’il faut avoir pour faire pousser le bon pour nos assiettes. Je me suis ensuite intéressée à comment les chef.f.e.s travaillent ces produits et j’ai compris que certains vivaient un véritable « cooking out » en ce moment.

Aujourd’hui, on vit une période formidable et cette une nouvelle « gastrawnomie » (gastronomie crue) est une belle découverte pour nos papilles, notre santé mais aussi et surtout pour notre chère planète.

Peux-tu nous raconter la naissance de l’Association pour un Design Soutenable ?

Tout est parti de la beauté des matériaux que je voyais en allant à la rencontre de ces créatifs engagés pour le podcast. J’étais fascinée et me suis dit qu’il fallait absolument que tout le monde voit cela, que l’on réalise que les solutions sont déjà là et qu’il suffit juste d’en avoir connaissance pour que, peut-être, les choses changent.

L’association est fondée sur deux grands prismes qui sont le zéro pétrochimie et le zéro déchet puis elle se divise en trois piliers que sont l’architecture, le design (mobilier/objet) et le paysage. Elle a pour but de montrer le travail de celles et ceux qui cessent d’utiliser des ressources sous tension non renouvelable à échelle humaine, tout comme des matériaux pétro-sourcés. En somme, des créatifs qui prennent en compte les générations futures dans leur processus.

Il s’agit d’une biennale, on peut aussi la voir comme une exposition qui relève les 2 défis suivants : « On ne choisit pas ce qu’on ne connaît pas » et « On protège mal ce qu’on ne connaît pas ». 

En 2023, je vous invite à suivre les actualités sur @designsoutenable pour venir découvrir l’édition numéro 2.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Elles sont nombreuses : la nature, les rencontres que je fais à travers mon métier, internet qui nous apporte une qualité d’information sensationnelle si on sait où chercher et la ville d’Uzès où je passe 1/3 de mon temps.

Qu’est-ce que tu as envie de partager de beau, là tout de suite maintenant, avec moi et les lecteurs/lectrices de Minisauts ?

Il est essentiel de se poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses même si certaines questions font peur et que les traverser implique de naviguer dans l’incertitude. C’est tout à fait ok d’avoir peur lorsqu’il s’agit de quelque chose d’inconnu. Si cela nous tient vraiment à coeur, je crois que le seul bon conseil que j’ai reçu c’est de ne pas rester dans cette peur et de trouver, par le biais qui nous convient, la force et l’audace de sortir de notre zone de confort.

Ce qui me semble aussi très important c’est de se remettre à savoir ce que l’on aime véritablement, accepter notre singularité et être en confiance avec ça. Car aller au contact de ce qui nous touche vraiment, de ce qui nous fait du bien et l’accepter, le nourrir sans se comparer… semble le plus beau cadeau que nous puissions nous faire à soi-même.  Après plus de 190 épisodes de podcast, j’ai constaté que toutes les fois où les personnes ont avancé avec le cœur -ouvert – en suivant le puissant élan qu’ils ressentaient au plus profond d’eux-mêmes, tous ont embrassé des trajectoires incroyables qui, même si les difficultés restent présentes, les rendent heureux et nourrissent leurs quêtes de sens. 

Merci à Hélène d’avoir accepté de répondre à mes questions 
Pour découvrir son travail et ses engagements, c’est juste ici :

https://www.ouestlebeau.com/
https://www.ouestlebon.com/
https://www.designsoutenable.org/

Composition illustrée signée Minisauts & Luluaucrayon

Si vous aimez les portraits dressés par Minisauts, nous vous invitons à découvrir ceux-ci :

Portrait de May
Portrait de Séverine

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Lancement prévu pour l'été 2023

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