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MINISAUTS présente Margaux Reinaudo, illustratrice et créatrice, joli « couteau suisse »

Margaux Reinaudo : illustratrice

Et si on vivait plusieurs vies en une, tout en simplicité et pas à pas ! Cette phrase résonne fort avec mon échange avec Margaux Reinaudo, illustratrice et pas que… Elle écoute son cœur et ses envies , elle vit la vie [surtout] au présent et prend plaisir à exploiter professionnellement différents terrains de jeux dans lesquels elle peut apporter sa valeur ajoutée et sa créativité.
Quelques détails à savoir sur elle … Le boulot c’est important et c’est encore mieux si on se le construit soi-même pour s’y épanouir pleinement et bien sûr le partager. L’espace de vie est aussi essentiel car il permet de se recentrer, d’être entouré.e de tout ce qui nous construit et nous rassure. Sans oublier que ce lieu est parfois aussi celui de vie de petites boules de poils remplies d’amour et de tendresse et ça c’est magique ! L’entourage est indispensable car il est une source d’inspiration incroyable et un soutien dans chaque étape de la vie. Vous l’aurez compris, Margaux est une amoureuse de la vie et surtout du quotidien. Ce quotidien qu’elle prend soin de remplir et diversifier à sa guise avec audace, authenticité, générosité et beaucoup d’humour !
Place à l’interview. Très belle lecture !

Bonjour Margaux, je te propose de te présenter en quelques mots, de la façon dont tu le souhaites. Qui es-tu et comment tu te définis aujourd’hui ?

J’aime me définir comme un couteau suisse. Je suis d’abord une illustratrice instinctive, c’est un art que j’ai développé dans l’intime, sans avoir fait d’études. L’illustration me permet de traduire des émotions et tracas du quotidien. Je suis aussi Product Designer dans le web, je développe notamment des solutions pour les start-ups. Je développe également le tatouage qui est une autre forme d’art et fait sens avec l’illustration, le graphisme.

Peux-tu nous parler de ton évolution professionnelle et du choix de l’entreprenariat ?

Initialement, je me destinais à travailler dans le milieu de l’édition. Les stages m’ont permis de réaliser que le digital me stimulait davantage et m’offrirait peut-être un plus grand champ des possibles. C’était d’ailleurs une période où ce secteur était « en plein boom » donc la voie était ouverte.

J’ai commencé en tant que salariée, cela me convenait parfaitement car j’avais besoin d’être encadrée et d’avoir une hiérarchie. De prime abord, l’entreprenariat fait peur car cela signifie qu’on a pas de revenu stable et on est livré à nous-même, c’est une sacrée pression. Mais avec le temps j’ai ressenti le besoin de gagner en liberté, la période des confinements me l’a bel et bien confirmé. J’avais aussi envie d’avoir plusieurs métiers dans ma vie et de consacrer mon temps à tous les développer de front sans me laisser absorber par une activité prédominante. Aujourd’hui, c’est ce qui me donne envie de me lever le matin. Je considère mes différentes activités comme des vases communicants.

Ce déclic, je l’ai eu grâce à ma sœur, elle m’a aidé sans le savoir car, un jour, elle avait un ras-le-bol du travail et elle a mis des mots sur ce que je ressentais à ce moment-là. Cela a fait écho en moi, deux jours plus tard je posais ma démission et cette nouvelle aventure était lancée !

Quel a été le moteur de ce changement pro ?

Ce choix ne s’est pas fait par rapport à l’argent car en tant que salariée je gagnais bien ma vie. Mais, mieux je gagnais ma vie et moins j’étais heureuse. L’aspect financier n’est pas déterminant pour moi, il y a d’autres facteurs à prendre en compte et mon bien-être passe avant tout. Je ne perdrais jamais de vue le plaisir à travers mon travail et l’épanouissement personnel, cela pas forcément aussi par son travail, on y passe tellement de temps dans une vie.

As-tu une équipe de travail ?

Côté illustration, je suis seule. En Product Design, je suis associée avec Jérémy Goldsztejn. Nous formons le collectif Gomy que nous avons créé ensemble. Il est Fullstack Developer et nous sommes complémentaires dans notre proposition.

J’ai aussi une autre société qui s’appelle Yes We Ken au sein de laquelle je suis associée avec Martin Mourot. Notre rôle est de démocratiser des sujets autour de la sexualité. Nous avons créé un podcast pour accomplir cette mission. Je m’occupe de l’illustration, du recrutement pour les podcasts et de la communication sur les réseaux sociaux. Martin gère les partenariats et le montage des épisodes.

C’est important de travailler avec d’autres personnes, c’est d’abord très agréable de pouvoir échanger et construire ensemble mais aussi d’un point de vue pratique pour se répartir les tâches en fonction de nos compétences et nos affinités.

Peux-tu nous dire quelques mots à propos de Gogu tattoo ?

C’est une exclu ! Je viens de passer mon certificat en hygiène et salubrité car je souhaite, prochainement, m’installer dans un studio de tatouage. Pour l’instant, je tatoue chez moi, dans le respect des règles bien sûr. Cette activité me permet de faire évoluer mon dessin, d’aller vers des formes plus géométriques, synthétiques et minimalistes. C’est à la fois complètement différent et lié car c’est un moyen d’expression intime et personnel à travers lequel j’utilise une fois de plus mon trait et ma créativité.

As-tu toujours eu le goût du dessin et l’envie de t’exprimer à travers ce médium ?

J’ai toujours dessiné des moments de vie mais sans poser des mots. Au fur et à mesure, j’ai senti comme un frein pour retranscrire une émotion juste avec le dessin. Lorsque j’ai commencé à créer ma page instagram, je communiquais sur ce qui me faisait rire mais sans aucune stratégie définie. Par la suite, au fil de rencontres avec des illustrateurs-trices et des auteurs-trices, j’ai décidé de mettre un point d’honneur à l’idée de transmettre des émotions et des messages à travers chacune de mes illustrations.

Que représente ce personnage féminin qui revient régulièrement dans tes illustrations ?

Je pense que de manière spontanée je me suis dessinée moi. J’essaye d’inclure de la diversité car je veux que tout le monde puisse se sentir concerné par ce que je dis. Parfois, je dessine des femmes différentes, je n’ai pas de fil rouge, je dessine à l’instinct. Me dessiner, je pense que c’est une façon de retranscrire mon vécu sans l’imposer, en faisant parler quelqu’un d’autre à travers le dessin. Tout le monde peut s’associer ou pas à ces sujets, y adhérer, les partager… je laisse le choix.

Mes followers peuvent suivre mon mood en temps réel, on peut savoir comment je me sens à l’instant T. Les moments où je ne dessine pas et que je ne publie rien c’est que, généralement, je vais bien !

L’humour est très présent dans ton travail, pourquoi ce choix de ton ?

L’auto-dérision fait partie de ma vie de tous les jours. Rien n’est grave dans ma vie, je me dis souvent que mes problèmes sont souvent des problèmes de riches, qu’il vaut mieux les tourner à la façon « grognon-mignon ». L’humour est un bon moyen de faire passer des messages forts et parfois malaisants. Cela montre que même s’il est difficile de voir le verre à moitié plein il est toujours possible d’en rire.

Quel a été ton projet le plus long et rigoureux ?

Le livre « On en a gros » a duré trois mois, il a fallu penser la structure du livre, scénariser l’histoire, arriver à être la plus pertinente possible, recenser toutes les sources, etc. C’est une BD féministe qui questionne la place de la femme dans la société à travers de courtes saynètes. C’est une invitation à la déconstruction des codes sociétaux actuels.

Le féminisme résonne fort à travers tes illustrations et tes messages, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Cette posture m’est venue assez tard car avant #MeToo, on entendait pas parler de féminisme. Quand j’étais toute jeune, je n’avais pas conscience que je pouvais être victime de discrimination de par mon sexe. Il y a quatre ans, j’ai rencontré des femmes engagées avec qui j’ai pu échanger, j’ai aussi lu beaucoup de livres et d’essais sur le féminisme et l’égalité des sexes. Cela m’a permis de me positionner de façon légitime sur ce sujet. Lorsque j’ai sorti mon livre « On en a gros », j’ai vécu une phase de colère, mais aujourd’hui, je pars du principe que ces droits je les ai acquis, je suis égale à l’homme et je m’impose tout simplement. J’ai ajusté mes comportements car j’ai réalisé que je déclarais souvent mon infériorité, sans en avoir conscience. Aujourd’hui, je suis dans ce combat de façon plus implicite, je suis passée de la théorie à la pratique.

Il m’arrive de recevoir des messages de femmes qui me partagent leur ressenti car elles ont été touchées par mon travail, c’est toujours agréable de recevoir leurs remerciements et de constater à quel point elles se sentent libres. Il y a également des hommes qui m’écrivent, la plupart ont déjà fait un chemin dans leur tête et sont éveillés sur les inégalités, c’est important pour eux d’en parler et ils me remercient pour ça.

Penses-tu avoir trouvé ton équilibre pro/perso ?

J’avais un mauvais équilibre pro/perso en tant que salariée car les horaires de travail manquaient de souplesse, mais aujourd’hui, je n’ai plus cette problématique. J’ai choisi un métier passion donc je suis libre de travailler quand je veux et de faire une pause à 15h pour partir à l’escalade par exemple. J’ai intégré le fait que, ce métier, je suis susceptible de le faire toute ma vie, j’ai juste envie de me dire que le moment présent est riche, stimulant et passionnant. J’ai ma liberté donc je ne me pose pas cette question. Ma vie perso est mêlée à mon pro et tout cela s’harmonise plutôt bien, c’est ce modèle qui me rend heureuse – à ce moment-là de ma vie en tous cas.

Quel est le lieu dans lequel tu te sens bien ?

J’aime mon chez-moi, c’est mon cocon, j’ai tout à dispo et j’aime aussi être là pour m’occuper de mes animaux car j’ai deux lapins et un chien. Tout simplement !

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Mon quotidien, mes lectures, mes amis (bien souvent ceux que je vois le plus rarement !) et les 500 notes dans mon téléphone que je collecte régulièrement et que je garde précieusement.

Quelle est ta définition du bonheur ?

C’est avoir du boulot ! J’ai besoin d’une grande charge de travail pour être solaire et me sentir bien. Être chez moi avec mon chien, voir mes ami.e.s, faire ce que je veux quand je veux. Aujourd’hui, je sais ce qui me fait du bien et je n’ai plus envie de m’encombrer de superflu ou de voir des gens qui puisent toute mon énergie. Je veux me recentrer et écouter mes besoins et mes envies pour être heureuse et être à la meilleure version de moi-même avec mon entourage.

J’ai fait un gros bout de chemin toute seule mais il y a eu des moments déterminants où des personnes importantes étaient là. Je verbalise souvent mes problèmes, je les partage facilement à mes proches car je n’aime pas garder les choses pour moi. Cela peut parfois inquiéter mon entourage et je le comprends mais j’ai besoin de m’exprimer tant sur le positif que le négatif.

Quels sont tes rêves ?

J’aime ma vie telle qu’elle est, j’aimerais pérenniser ce que je construis au fur et à mesure, être fidèle à mes valeurs et sentir que mes actions ont du sens. J’ai envie que ma vie me ressemble, je n’ai pas besoin de plus. Je laisse les opportunités se présenter à moi et je vis le moment présent au maximum.

Qu’est-ce que tu as envie de partager, là tout de suite maintenant, avec moi et les lecteurs/lectrices de Minisauts ?

J’ai envie de partager ce livre que j’ai aimé : « Range : le règne des généralistes» de David Epstein. Il m’a ouvert les yeux sur le fait qu’on peut être généraliste et pas forcément spécialisé dans ce qu’on fait. On est pas obligé de rentrer dans des cases pour être bon dans ce qu’on fait. J’ai réussi à déculpabiliser sur ma façon à moi de m’éparpiller. C’est un livre qui m’a permis d’accepter le modèle de travail que j’ai choisi et les différentes casquettes que j’ai envie de porter.

J’ai une autre expérience qui m’a particulièrement marqué, lors d’une visite dans la galerie Maznel de Saint-Valéry-sur-Somme, qui exposait les œuvres d’une artiste peintre Galya Popova. Ses œuvres m’ont transcendé comme Les Noces de Cana ou encore les tableaux de Hoper. J’aime les scènes où il y a du détail et du monde à contempler pour se raconter une histoire. C’était la première fois que j’étais touché par l’art de cette façon et si intensément. Ce fut une double découverte, celle de l’artiste et la mienne car je ne savais pas que j’avais cette capacité en moi, c’est une expérience incroyable !

Merci à Margaux d’avoir accepté de répondre à mes questions 
Pour découvrir son travail et ses projets, c’est juste ici :

https://www.instagram.com/gomargu/
https://gomy.collective.work/
https://www.instagram.com/yes.weken/
https://www.instagram.com/
gogu_tattoo/

Composition illustrée signée Minisauts & Luluaucrayon

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À propos de l autrice

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Lancement prévu pour l'été 2023

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